Article publié dans Concours pluripro, novembre 2024
Trois ans après la réforme de la santé au travail, les employeurs, les salariés et les représentants du personnel connaissent mal l'offre des services de prévention et de santé au travail. C'est le constat que dresse le Baromètre 2024 de la santé au travail, présenté par l'ACMS le 25 septembre dernier, à la suite d'une enquête menée du 13 mai au 3 juillet 2024 auprès des employeurs et des salariés (4 607 questionnaires pour les premiers, 1 756 pour les seconds) et du 21 mai au 21 juin pour les représentants du personnel (92 questionnaires analysés).
Zoom sur cinq chiffres marquants.
Près de 70 % des salariés établissent une "forte" corrélation entre leur état de santé et leurs conditions de travail
La tendance est plutôt stable : en 2023, 69 % des salariés jugeaient cette corrélation "plutôt forte", contre 68,66 % en 2024. Alors que 25,94 % l'estimaient "plutôt faible" en 2023 contre 25,59 % en 2024. En revanche, si plus de deux tiers pensent que leurs conditions de travail ont une incidence sur leur état de santé, 63,23 % ne souhaitent pas recevoir plus d'informations sur la prévention et la santé au travail...
71 % des salariés ne connaissent pas la visite de mi-carrière
En vigueur depuis la loi du 2 août 2021, cette visite vise à établir un état des lieux de l'adaptation du poste de travail avec l'état de santé du salarié en tenant compte des risques auxquels il est exposé ; à évaluer les risques de désinsertion professionnelle ; et à sensibiliser le salarié aux enjeux du vieillissement au travail et à la prévention des risques professionnels. Dans des proportions similaires, seuls 35,28 % des employeurs en ont connaissance.
Seuls 4 salariés sur 10 ont entendu parler de la visite de préreprise
Cette visite, non obligatoire, s'adresse à tous les salariés en arrêt de travail dont l'état de santé pourrait entraîner un risque d'inaptitude au poste de travail occupé. Ses objectifs : les aider à préparer la reprise du travail et favoriser le maintien en emploi par une recommandation, si besoin, par le médecin du travail : aménagement ou adaptation du poste de travail ; préconisation de reclassement ; formations facilitant une réorientation professionnelle.
71 % des employeurs ignorent que les services de prévention et de santé au travail mènent des actions de prévention des risques professionnels sur les lieux de travail
Si la réforme de 2021 a mis l'accent sur l'enjeu de la prévention primaire en renforçant l'importance des actions sur les milieux de travail dans l'offre des services de prévention et de santé au travail, cette mission reste largement méconnue. Alors même que certaines actions sont essentielles : élaboration et mise à jour du document unique d'évaluation des risques professionnels (Duerp), organisation d'ateliers d'information et de prévention, notamment sur les troubles musculosquelettiques, les risques psychosociaux, les risques liés au télétravail...
Plus d'un patron sur deux ne sait pas qu'un assistant social peut accompagner le salarié
L'accompagnement social des salariés en risque de désinsertion professionnelle en raison de leur état de santé occupe une place décisive dans la réforme de 2021. Retraite, maladie, handicap, mal-être au travail, restrictions d'aptitude ou inaptitude... Autant de problématiques que le salarié peut évoquer avec l'assistant de service social lors d'entretiens individuels. Ce dernier peut aussi conseiller l'employeur sur les questions concernant la prévoyance, la gestion de fin de carrière, la retraite ou encore la qualité de vie au travail.