Article publié dans Concours pluripro, avril 2024
La question était en suspens depuis une bonne vingtaine d'années. Car l'augmentation des maladies chroniques et l'expertise peu à peu acquise par des patients ont tout naturellement fait évoluer la relation de soin vers un véritable partenariat médecin-patient. Dans ce contexte, rien de très surprenant à ce que l'engagement des patients, en particulier au sein des formations médicales, s'impose comme l'un des piliers de la transformation du système de santé formalisée dans la loi du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé, dite "Ma santé 2022". "Cette loi était une nécessité, car l'accès de la population aux informations médicales a tout changé, martèle Luigi Flora, codirecteur patient du Centre d'innovation du partenariat avec les patients et le public de la faculté de médecine de l'Université Côte d'Azur (Provence-Alpes-Côte d'Azur). Aujourd'hui, certains patients arrivent chez leur médecin avec leur propre diagnostic : ça change la nature de la consultation."
Et cela affecte considérablement la relation soignant-soigné... avec parfois quelques crispations du côté de praticiens qui n'apprécient pas forcément de remettre en cause leurs pratiques. "L'un des objectifs majeurs de cette évolution des études de médecine, c'est justement d'améliorer la relation avec les patients dans la vie professionnelle, souligne François Couraud, conseiller scientifique au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Car si nous avons en France un système de santé de haut niveau, le relationnel et l'empathie y étaient moins développés qu'ailleurs. Nous sommes simplement en train de rattraper notre retard : ce type de modalités pédagogiques existe depuis longtemps dans les pays anglo-saxons. Et là où c'est déjà en place, on a remarqué que cela permettait de mieux comprendre la perspective du patient."
