Article publié dans Concours pluripro, octobre 2025
"On ne peut pas faire de poésie en matière de santé mentale, se contenter de mots sans mettre de moyens", a alerté Éric Chenut, président de la Mutualité française – qui compte 443 mutuelles adhérentes et gère plus de 500 centres de santé –, qui organisait, le 1er octobre dernier, une journée dédiée à la thématique de la santé mentale. En partenariat avec l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), une session s'est penchée sur la santé mentale des femmes au travail. Car celles-ci "sont plus touchées que les hommes" par les inégalités salariales, le temps partiel subi ou le chômage, estime Éric Chenut. Ainsi, il faut "chausser les lunettes du genre quand on regarde ces sujets" pour "ne pas se laisser enfermer par une approche indifférenciée qui masquerait des spécificités très fortes" entre les sexes, assure Caroline Gadou, directrice générale de l'Anact. Et de rappeler que la réalité du travail est "différente pour les hommes et pour les femmes", qu'il s'agisse des métiers effectués, des parcours professionnels ou des conditions de travail.
En effet, les indicateurs de santé mentale des salariés sont plus dégradés pour les femmes, révèle l'enquête "Conditions de travail et risques psychosociaux" de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) en 2016. Ainsi, 13 % des femmes déclaraient un trouble d'anxiété généralisée ou un épisode dépressif majeur, contre 7 % des hommes. Elles présentaient aussi des facteurs de bien-être psychologique plus faibles (36 % contre 25 % chez les hommes). Des chiffres qui sont toujours d'actualité dix ans plus tard.