Article publié dans Concours pluripro, avril 2025
 

Bien qu'exigée par la réglementation européenne depuis 2003, l'approche genrée de la santé au travail fait encore défaut. C'est ce qu'a dénoncé, le 8 mars, lors d'une conférence à Sciences Po Lille, Sophie Fantoni, professeure de médecine du travail au CHU de Lille et présidente de la Société française de santé au travail. Pourtant, des textes réglementaires ont été publiés en France, mais "ils ne vont pas au bout de leur ambition", a-t-elle lancé. Comme l'a souligné un rapport sénatorial l'an dernier, il en résulte une invisibilisation des risques en santé au travail spécifiques aux femmes, a-t-elle ajouté, d'autant plus absurde qu'il existe encore une "ségrégation" par genre des activités professionnelles – et leurs risques spécifiques – et une invisibilisation des questions de santé propres aux femmes.

Parmi les employées et les ouvrières, une femme sur cinq va perdre son travail en raison d'une grossesse. Et l'évolution des traitements des cancers féminins conduit les femmes à revenir rapidement au travail sans forcément être suffisamment accompagnées, a illustré Sophie Fantoni. De plus, l'endométriose fait souffrir une femme sur dix, et la ménopause affecte toutes les femmes, à un moment ou à un autre. Quelque 60 % des troubles musculosquelettiques (TMS) sont déclarés par des femmes, qui sont aussi trois fois plus nombreuses que les hommes à signaler des risques psychosociaux.
 

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