Article publié dans Concours pluripro, juin 2022

Le développement de sources lumineuses de plus en plus puissantes a pour but d’accroître les performances énergétiques, d’améliorer la qualité de la lumière émise et d’étendre les possibilités d’utilisation de cet éclairage artificiel. Mais l’exposition à ces nouvelles sources lumineuses très performantes est toxique pour les photorécepteurs rétiniens. De plus, elle est particulièrement délétère la nuit, car elle inhibe la ­régénération physiologique des photopigments rétiniens et entraîne une désynchronisation de l’horloge interne. Sur le long terme, cette désynchronisation est préjudiciable à la santé : elle entraîne une perturbation du sommeil, des troubles de l’humeur, voire des troubles cognitifs. Sans oublier que la privation de sommeil entraîne somnolence, diminution de l’attention et de la vigilance, à l’origine d’un doublement du risque des accidents de la circulation...

 

Causes possibles de cancers

En France, comme dans tous les pays industrialisés, 15 à 20 % de la population active est en travail posté et/ou de nuit au sein des métiers de services (transport, santé, police, pompiers...). Le Centre international de recherche sur le cancer a classé, en 2007, le travail posté et/ou de nuit dans le groupe 2A des "cancérogènes probables car ils impliquent une désorganisation circadienne". Le rapport "Pollution lumineuse et santé publique" de l’Académie nationale de médecine (disponible sur www.academie-medecine.fr) montre en effet qu’il existe notamment un risque augmenté de cancer du sein chez les femmes en travail posté ou de nuit. Ainsi, l’incidence de ce cancer, de 50 à 200 % plus élevée chez les infirmières exposées à la lumière artificielle la nuit, est rapportée à l’inhibition de la mélatonine, la privation de sommeil et la désynchronisation. Le rôle de la lumière s’appuie sur les recherches montrant la diminution de la prévalence du cancer du sein chez les femmes aveugles.

L’inhibition de la sécrétion de mélatonine par la lumière artificielle la nuit entraîne chez les femmes en travail posté une augmentation de l’estradiol, entraînant à son tour une augmentation de la croissance et de la prolifération des cellules hormonosensibles du sein. De plus, les effets protecteurs de la mélatonine disparaissent, à savoir : l’épuration des radicaux libres, l’inhibition de l’aromatase, l’effet anti-estrogénique par interaction avec les récepteurs α des estrogènes, l’inhibition de la télomérase, la réparation de l’ADN, la perturbation du système immunitaire.

La diminution quotidienne du temps de sommeil de deux à quatre heures aboutit, sur le long terme, à une dette de sommeil impactant fortement le système neuro-immuno-­endocrinien et son rôle dans la régulation de la prolifération cellulaire et des défenses immunitaires incluant la production de cytokines.

 

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