Article publié dans Concours pluripro, mars 2025
 

Seuls 25 % des employés osent informer leur direction de leur situation de proche aidant, par manque de confiance ou par peur d'être stigmatisés, assure France Travail. Pourtant, l'aidance, notamment quand elle s'inscrit dans le monde du travail, peut concerner tous les professionnels salariés. "Raison pour laquelle les organisations ne peuvent passer outre ce sujet, au risque de se retrouver dans des situations complexes et coûteuses", assure Nathalie Chusseau, économiste et professeure à l'université de Lille.

Qu'est-ce qu'un salarié aidant ? C'est une personne qui exerce une activité salariée, "proche aidant d'une personne âgée, son conjoint, le partenaire avec qui elle a conclu un pacte civil de solidarité ou son concubin, un parent ou un allié, définis comme aidants familiaux, ou une personne résidant avec elle ou entretenant avec elle des liens étroits et stables" qui "lui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne", décrit l'article 51 de la loi du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société au vieillissement. Soit des collaborateurs qui jonglent entre leur travail salarié et le soutien apporté à un proche en situation de dépendance. Ces salariés aidants, tout le monde en parle, mais leurs besoins spécifiques restent souvent ignorés, et peu d'actions concrètes existent pour eux. Car s'ils représentent une part importante de la population active, il semblerait que ce soit aux entreprises que revient la tâche de trouver comment les soutenir.

Mais comment accompagner ces salariés sans que cela coûte une fortune à l'entreprise et ne vienne désorganiser l'activité ? Malgré les quelques dispositifs mis en place, la situation reste floue et le problème continue de grossir. Il est nécessaire de bien comprendre les défis auxquels les salariés aidants doivent faire face et de réfléchir aux moyens concrets de les soutenir dans le paysage politique et économique de la France.

 

 

La santé des aidants : une spirale infernale trop souvent sous-estimée

Qui sont les aidants ? En France, on compte aujourd'hui entre 8 et 11 millions de proches aidants non professionnels qui soutiennent en proximité un proche en perte d'autonomie, en situation de handicap ou de maladie chronique. Ce chiffre ne cesse d'augmenter, notamment avec le vieillissement de la population, de l'allongement de la durée de vie et de l'augmentation des maladies chroniques invalidantes. Ainsi, si en 2024, France Travail assurait que 61 % des proches aidants sont en activité, elle estime que, d'ici à 2030, un salarié sur quatre sera proche aidant. Parmi eux, on trouve également une proportion de plus en plus importante de jeunes qui mettent entre parenthèses leur propre vie et parfois leurs études pour s'occuper d'un proche.

Ce que l'on oublie souvent, c'est que les aidants eux-mêmes sont vulnérables. Un salarié préoccupé par ses responsabilités d'aidant et les problématiques qu'il rencontre sera moins engagé au sein de l'entreprise. Il est bien évidemment plus fatigué, plus stressé, moins concentré et disponible mentalement pour les tâches d'ordre professionnel. De plus, beaucoup de salariés aidants se sentent isolés, car ils n'expriment pas forcément leurs difficultés, et leurs besoins ne sont pas suffisamment reconnus. Le salarié étant constamment tiraillé entre les sphères personnelle et professionnelle, cette situation – souvent bien installée – peut mener à l'épuisement. Ils sont heureusement repérés assez précocement par les professionnels de santé, notamment les équipes médicales en santé au travail. Et par ailleurs, les dirigeants des TPE-PME, parfois aidants eux-mêmes et confrontés à la situation, connaissent l'impact d'un salarié aidant sur la productivité, le moral des équipes ou même la gestion des absences.

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