"C'était quelque chose de pratiquement unique en France. Cela l'était en tout cas dans la région" confie Jérôme Cosnard, maire de Coutras, à Sud Ouest Gironde. La particularité du centre de santé Bonimond ne se voit pas au premier coup d'œil, et pourtant, c'est son fonctionnement administratif qui le différencie des autres projets appuyés par l'ARS Nouvelle-Aquitaine. Ici, les médecins généralistes du centre de santé hospitalo-communal sont salariés d'une association. La gestion administrative ? De la commande de matériel au secrétariat en passant par l'entretien des locaux, tout est à la charge du centre hospitalier de Libourne et de l'ARS Nouvelle-Aquitaine. De quoi les soulager ! En France, un généraliste sans assistant médical et travaillant 50 heures par semaine, consacre 7 heures uniquement à l'administratif, indique la MACSF.

Au centre de santé Bonimond, les soignants de l’association peuvent effectuer des heures supplémentaires comme "libéral". Un gage de stabilité professionnelle et personnelle pour ces médecins. "Beaucoup ne veulent plus exercer de la même manière que leurs aînés […]. Souvent pour des raisons familiales. […] Ils préfèrent avoir des salaires fixes."

Si le maire de Coutras se félicite de cette initiative, ce n'est pas sans raison : il y a 7 ans le centre avait presque disparu. Le départ en retraite des médecins libéraux qui occupaient jadis le centre Laennec, a failli plonger la ville dans le cauchemar des déserts médicaux. Aujourd'hui encore, la situation médicale autour de la commune n'est pas idéale. "Coutras a un rôle de centralité. Les communes comme Azbac avec ses 2000 habitants, ou Les Peintures ont également des besoins en termes d'accès aux soins…" regrette Jérôme Cosnard auprès de Sud-Ouest Gironde .

Si ce mode de fonctionnement a ses atouts dans la lutte contre la désertification médicale, un souci reste : sa rentabilité. Phillipe Buisson, président de la communauté d'agglomération du Libournais (La Cali), explique que "c'est un modèle […] fragile. Il n'est pas encore à l'équilibre sur le plan financier".

En 2022, l'association en charge de la gestion du centre de santé Bonimond a accusé un déficit de 70 000 euros, pris en charge par l'ARS. Si la rentabilité se situe autour de 3 patients à l'heure, Sébastien Laborde, vice-président de la Cali, rappelle que "la patientèle, dans cette partie du Nord-Libournais, est souvent formée de personnes âgées dont l'examen prend plus de temps qu'un simple renouvellement d'ordonnance". En 2023, le déficit du centre était de 20 000 euros.

[Avec Sud-Ouest Gironde]

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