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La permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de l’hôpital de Cayenne, ouverte il y a une vingtaine d’années, est une cellule de prise en charge médico-sociale destinée à faciliter l’accès des personnes qui n’ont pas de couverture maladie au système hospitalier, ainsi qu’aux réseaux institutionnels ou associatifs de soins d’accueil et d’accompagnement social. Elle fonctionne à plein régime mais reste fermée les week-ends et jours fériés. Elle n'organise pas non plus de visites à domicile et n’est pas destinée à accueillir des patients, chroniques ou non, ayant besoin de soins réguliers. Pourtant, les pathologies chroniques représentent une part importante des motifs de consultations à la PASS du CHC : 30 % pour l’hypertension artérielle ; 9 % pour le diabète.

Or, le manque de soins pendant plusieurs jours (changement de pansement par exemple) peut entraîner des aggravations de l’état de santé. Ce genre de difficultés bénéficie désormais d’une solution, à Cayenne et Rémire-Montjoly : en lançant une PASS de ville, Médecins du Monde fait rentrer ces patients dans le système de santé de ville avec médecin traitant, récupération des médicaments en pharmacie d’officine… et visite à domicile d’un infirmier libéral si besoin.

 

Une coordination de 12 professionnels et structures de santé

La permanence de la PASS de ville de Médecins du Monde, créée en mars, s’articule de ainsi : un axe social où des assistantes sociales et des médiateurs en santé aident le patient à ouvrir ses droits à la sécurité sociale et un axe médical avec des consultations dans le système de santé libéral.

Pour lancer cette initiative, 12 professionnels ou structures de santé soutiennent l’association : 5 médecins généralistes, 3 infirmiers libéraux, 2 pharmaciens, 1 laboratoire de biologie médicale et 1 centre d’imagerie médicale.

Les patients intégrés dans la PASS de ville sont en général identifiés, au préalable, par les équipes mobiles sanitaires de Médecins du monde ou par la PASS de l’hôpital. Ils doivent répondre à plusieurs critères :

• Être atteints d’une maladie chronique qui peut être suivie en ville ;
• Ne pas bénéficier de sécurité sociale mais pour qui un dossier peut être créé rapidement (présents en Guyane depuis plus de trois mois avec des documents l’attestant) ;
• Habiter à Cayenne ou Rémire-Montjoly.

Désengorger la PASS hospitalière sans perturber l’activité des professionnels de santé libéraux

Lors d’un premier rendez-vous dans ses locaux, Marielle Le Rumeur, chargée du projet chez Médecins du Monde, et l’une des trois médiatrices en santé aident le patient à constituer son dossier pour la Caisse générale de sécurité sociale (CGSS) : aide médicale d’Etat (AME) ou protection universelle maladie (Puma). Au cours de cet entretien qui peut durer une heure et demie à deux heures, le personnel de l'association explique le fonctionnement du système de santé et le dispositif puis aide le patient à choisir les professionnels de santé chez qui il se rendra. Il lui transmet également un annuaire avec la liste des professionnels impliqués (et des plans pour se repérer), lui donne une carte PASS de ville et évalue son niveau de littératie en santé ; celle-ci sera de nouveau évaluée à la sortie du dispositif pour vérifier qu’elle s’est améliorée.

 

Pas d'avance de frais

Lors de son rendez-vous chez le professionnel de santé, le patient présente sa carte PASS de ville et, en général, un courrier médical de Médecins du Monde. Le praticien rédige une ordonnance avec le tampon PASS de ville. Le patient peut dès lors se présenter avec en pharmacie, en laboratoire, au cabinet d’imagerie médicale sans avancer les frais. Médecins du monde le rappelle une dizaine de jours après, pour vérifier que tout s’est passé normalement.

La CGSS, associée au dispositif, ouvre les droits dans un délai d’un mois, deux maximum, si tous les documents sont prêts. Les professionnels de santé sont alertés de cette ouverture des droits et peuvent alors envoyer leurs factures pour remboursement. En cas d’impossibilité de remboursement, l’ARS de Guyane a doté Médecins du Monde d’une enveloppe pour régler les professionnels de santé. Dès lors, le patient entre dans le système de soins classique. Ses droits étant ouverts pour un an, Médecins du monde le recontactera deux mois avant l’échéance pour l’aider à les renouveler. 
"Le but est d’insérer ces patients dans le parcours de droits communs : leur montrer comment fonctionne le système de santé, leur permettre d’être suivis et de ne pas renoncer aux soins, explique Marielle Le Rumeur, chargée du projet chez Médecins du Monde. Il y a énormément de besoins. Le but sera de désengorger un peu la PASS hospitalière et en parallèle, de ne pas perturber l’activité des professionnels de santé libéraux."

Quatre premiers patients ont été intégrés depuis fin mars. L’objectif, en rythme de croisière, sera de cinq par semaine.

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