Alors qu’une proposition de loi portée par la majorité présidentielle veut autoriser les infirmières en pratique avancée à "faire des prescriptions", cette mesure provoque une levée de boucliers de la part de l’Ordre des médecins. Le Dr François Arnault, son président, reconnaît que "850 000 patients sur le territoire n’ont pas de médecin traitant", ce qui n’est "ni acceptable ni tolérable pour les médecins que nous représentons" mais "il faut que les médecins se bougent pour trouver des solutions, a-t-il poursuivi lors d’un point presse le 24 novembre. Et tout doit être organisé pour que chaque patient puisse voir un médecin"En effet, selon la praticien, confier dans certains territoires les tâches de diagnostic et des prescriptions à d’autres professionnels de santé consisterait à "proposer un système de santé à deux vitesses" : "Ceux qui organisent le contournement de cela prennent de grosses responsabilités dans la perte de chances des malades", a t-il insisté.

 

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François Arnault se défend de tout corporatisme : "J’ai travaillé toute ma vie avec des infirmières, ce sont des professionnelles indispensables

auprès des patients. Mais leurs compétences ne sont pas celles des médecins, forts de leurs neuf à dix ans d’études". Pour une douleur à l’épale ou une douleur abdominale, c’est bien vers le médecin qu’un patient doit se tourner, a-t-il repris. "Le rôle du médecin dans l’entrée dans le soin est fondamental. On a une compétence qui doit être mise à la disposition de la population et des patients".

 

Trouver du temps médical grâce à l'exercice coordonné

Dès lors, quelles solutions proposer ? L’Ordre affirme que le médecin généraliste doit pouvoir s’appuyer sur les autres professionnels de santé, notamment afin de lui "dégager du temps médical" et "travailler en équipe avec eux". "On ne trouvera pas la solution si on ne travaille pas avec les autres", précise donc François Arnault, qui encourage ainsi le principe de l’exercice coordonné. "Ca se fait déjà dans de nombreux territoires. Les CPTS ont montré leur pertinence pour permettre les coopérations être professionnels de santé et cela doit se développer".

Pour le Dr Claire Siret
Claire Siret, présidente de la section Santé publique du CNOM et médecin généraliste en Seine-et-Marne, "le partage des tâches a toujours existé mais la pénurie de médecin a brisé les liens. On doit réparer ces liens mais en conservant les compétences de chacun". Le temps aujourd’hui consacré par un médecin à des tâches administratives est estimé à 13 heures hebdomadaires, a-t-elle souligné : "Mettez ces heures dans les consultations, vous avez du temps médical."

Le Dr René-Pierre Labarrière, chargé de l’exercice professionnel au sein de l’Ordre, a renchérit : "L’essentiel, c’est l’investissement initial pour créer une équipe de soins de proximité ou une équipe des soins primaires. Une fois qu’on l’a créée, il faut mettre en place des protocoles, notamment pour les pathologies lourdes"Mais a insisté François Arnault, "le médecin traitant est en amont de tout dans ce parcours coordonné. Ce n'est pas que nous voulions que les médecins restent les 'chefs', les 'commandeurs', nous voulons un partage. Personne n’est l’un contre l’autre."

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