"Pluripro : découvrir et se découvrir". Si la thématique de son 8e Congrès national annonçait déjà ses ambitions, la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) ne s’attendait pas à une telle affluence les 29 et 30 mars derniers. Des 500 congressistes aux premières Journées à Besançon en 2008, la récente édition dijonnaise a accueilli plus de 1 200 congressistes venus partager leurs expériences, contraintes et pratiques innovantes "en toute convivialité", comme l’ont appelé de leurs voeux Arnaud Blessemaille et Michel Serin, coprésidents de la FeMaSCo-BFC, fédération régionale née de l’union de la Fémasac et de la Femagisb, célébrée lors de la cérémonie d’ouverture au son d’une marche nuptiale aux allures très rock.



© Laurent Bole

"Le pluripro, ce n’est pas juste une idée, une intention. C’est une réalité, a lancé Pascal Gendry, président de la FFMPS. Vous apportez par vos actions auprès de vos patients, en équipe, au quotidien (…) la preuve que c’est bien la direction à suivre. C’est vous, minorité actuelle, qui provoquez le changement." Un changement qui se traduit par la hausse continue du nombre de MSP : plus de 1 200 sur le territoire, 400 projets en cours, et "une augmentation de 28 % des Sisa bénéficiant de l’ACI en 2018", se réjouit-il, tout en notant que "depuis quelques mois, on ne parle plus que des CPTS" devenues "l’alpha et l’oméga des problématiques d’accès aux soins", et "priorité des ARS, des politiques voire des organisations syndicales… au point de mettre au second plan les MSP et les équipes de soins primaires".

Or ces "plus petites unités de base de l’offre de santé" (selon Patrick Vuattoux, vice-président) que sont les MSP, constituent le ciment de ces structures territoriales et sont une "nécessité pour répondre aux défis qui se posent", a noté Pascal Chauvet, également vice-président. Coordination, complémentarité, interprofessionnalité, intelligence collective, pratiques innovantes, développement des nouveaux métiers… Autant de socles sur lesquels se bâtit une équipe qui, plus que pluriprofessionnelle, est plurielle. D’où le souhait formulé à destination de l’Assurance maladie de parler davantage d’"équipe traitante" ou d’"équipe pluripro de proximité".


Quelle place pour les nouveaux métiers ? 

Les ateliers et sessions plénières ont été l’occasion d’aborder la question des nouveaux métiers. Quelle place pour l’assistant médical au sein d’une équipe ? Comment intégrer l’infirmière en pratique avancée ? Comment ces compétences individuelles se mettront-elles au service du collectif ? Edwige Genevois, coordinatrice en MSP, a salué le travail des coordinateurs, un métier "pas simple à exercer" en raison de doutes au sujet de leurs missions, de leur intégration "pleine et entière" à l’équipe, ou encore aux relations employeur-employé qui témoignent de "nouveaux constats de dérives".

Une commission a d’ailleurs été créée au sein de la fédération pour promouvoir cette fonction et répondre aux questions des équipes. Cette reconnaissance doit aussi passer par les pouvoirs publics, a rappelé la formatrice relais Pacte BFC, notamment "avec l’obtention d’un référentiel métier et d’une convention collective". Elle a souligné l’importance d’inscrire l’assistant médical "dans une volonté d’équipe et pas seulement par la seule volonté des médecins", et l’infirmière en pratique avancée dans des "pratiques moins segmentées, pour devenir des IPA d’équipes de soins primaires, intervenant dans la gestion des parcours patients, le suivi des pathologies chroniques ou des soins non programmés".



© Laurent Bole
 

Lors de la première séance plénière, Cécile Courrèges, directrice de la DGOS, a rappelé qu’il fallait penser l’exercice coordonné dans "son évolution et dans ses relations avec son territoire", soit ouvrir de nouvelles possibilités aux structures de soins coordonnés, penser l’exercice dans sa diversité et à l’échelle territoriale : "Vous avez été, vous êtes et vous continuez à être à l’origine de plusieurs projets de CPTS, car dans plusieurs territoires, il existe une filiation directe entre MSP et CPTS (…) Il ne doit pas y avoir de concurrence entre les ESP, les MSP et les CPTS." Nicolas Revel, pour sa part, s’est dit "ouvert à ce que la réflexion s’engage" au sujet d’un financement qui reflèterait davantage l’activité réelle de la structure d’exercice coordonnée en équipe pluriprofessionnelle de proximité.


Bourgogne-Franche-Comté à l'honneur

Avec ses 134 MSP labellisées et plus de 40 projets MSP, ESP et CPTS en cours, la région Bourgogne-Franche-Comté est un terrain fertile pour l’exercice coordonné (c’est la région qui en compte le plus au vu du nombre d’habitants, soit 2,8 millions). "De votre statut de pionniers, vous êtes aujourd’hui passés à une autre échelle sur le territoire tout en gardant cet esprit pionnier qui consiste à innover, à s’affranchir des codes et des frontières et à abattre les cloisons, a déclaré Pierre Pribile, directeur général de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté. Nous n’avons pas fini d’avoir besoin de vous."

Le prochain rendez-vous est pris à Bordeaux les 13 et 14 mars 2020. Avec très probablement un nouveau nom pour la FFMPS, afin "d’affirmer que la fédération est bien celle de toutes les équipes de soins primaires, de la plus petite à la plus grande, avec ou sans murs, unis dans une dynamique pluriprofessionnelle et des valeurs communes", a annoncé Pascal Gendry. Preuve que les frontières ne cessent de bouger.

Agnès Buzyn encourage...

Dans une vidéo de 3 minutes 31, la ministre de la Santé a assuré son "soutien" aux professionnels de soins primaires. En cohérence avec le plan "Ma santé 2022" qui repose sur "la nécessité d’un collectif de professionnels au service d’un territoire", Agnès Buzyn a qualifié les MSP de "formidables outils face aux défis qui se dressent devant nous" : "Pour relever ce défi, les professionnels doivent jouer collectif. Ce choix du collectif, c’est le vôtre", a ajouté la ministre, qui a insisté sur le fait que la création des CPTS ne doit pas être perçue comme "une menace". Clin d’œil à sa politique de santé, elle a rappelé l’objectif du président de la République : créer 2 000 MSP en 2022 afin d’"adapter notre système de santé aux nouveaux besoins territoriaux".

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