"La douleur physique est une chose qui engendre le désarroi de la façon la plus terrible". La citation de la romancière japonaise Hiromi Kawakami était inscrite en exergue du dossier de présentation de la table-ronde nationale douleur, organisée par l’Aflar (Association française de lutte antirhumatismale) le 18 octobre, au Sénat. En effet, "la douleur constitue un véritable problème de société, a pointé Françoise Alliot-Launois, présidente de l’association, tant par le nombre de personnes concernées que par l’importance de ses enjeux : elle a été trop longtemps ignorée et encore aujourd’hui sous-évaluée". Elle a rappelé que la douleur chronique touche 30 % de la population française, toutes causes confondues, enfants et adultes, hommes et femmes, et est pour 20 millions de Français source de handicap, d’inactivité, d’isolement social. Cette douleur a également un impact socio-économique massif, induisant une forte consommation de soins et un absentéisme professionnel.
Pour Catherine Deroche, sénatrice, présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, la douleur a souvent été considéré comme "un mal nécessaire" et dès lors négligé. "Et 7% des millions des personnes qui souffrent de douleur chronique ne reçoivent pas de soins. Il y a une errance diagnostique et thérapeutique". Pourtant, ce n’est pas faute que son traitement soit inscrit dans les textes, a rappelé la sénatrice : la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé induit que "Toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée", le Plan d’amélioration de la prise en charge de la douleur 2006 – 2010, la note de cadrage de la Haute autorité de santé sur le Parcours de soins d’un patient douloureux chronique en 2019… "Il semble que ces recommandations ne sont pas encore assez diffusées auprès des professionnels de santé. Or la douleur ne peut pas être traitée en silo."