Dans cette affaire, la situation qui prévaut en France est réputée "à la traîne" par comparaison avec de nombreux autres pays développés ; c’est vrai. Il est également exact que depuis le début des années 2000, le sujet avait été plusieurs fois envisagé… pour finalement être abandonné (ou peu s’en faut) sous la pression des corporatismes. On observera que ces corporatismes s’affirmaient d’autant plus que de nombreuses questions restaient sans réponses claires : rémunération et statut, bien sûr, mais aussi, moins trivialement, adaptation des formations initiales et des champs de compétences, puis, surtout, organisation de l’offre et de l’accès aux soins. Dès lors, ce n’est qu’en 2018 – dans le cadre du plan Ma santé 2022 – que les choses ont semblé véritablement démarrer, avec l’avènement sur la ligne des soins primaires des coordonnateurs de soins, des assistants "médicaux" et des "pratiques avancées", au premier rang desquelles on retrouve naturellement les infirmières avant que d’autres professions de santé s’y engagent. Tout cela laisse à penser que les choses se sont déroulées beaucoup plus aisément à l’étranger. Pas tout à fait cependant, comme le montrent ces deux brefs rappels de la situation en Europe et aux États-Unis.

L'avènement des "Nurse practitioners"

Au Royaume-Uni d’abord, sous la plume de Paula McGee, désormais Emerita Professor of Nursing à l’université de Birmingham. Dans un article publié en 2000, elle rappelle le long cheminement – débuté au cours des années 1970 et progressivement structuré tout au long des années 1990 – pour aller vers l’advanced practice et l’higher-level practice, termes qui ont suscité des interprétations variables et généré des incompréhensions potentiellement conflictuelles mais heureusement estompées avec les années. Trois points peuvent être relevés dans son propos. D’abord, les caractères marginaux, officieux et souvent anecdotiques des initiatives qui ont conduit au cours de deux décennies les nurses britanniques à accroître leurs champs d’actions et de responsabilité auprès des patients ; ainsi, pendant des années, des nurses exerçant en binôme avec des general practitionners (GP) étaient engagées et rémunérées directement par les GP, sans aucune reconnaissance officielle par le National Health Service (NHS) ; cela pourra rappeler quelques souvenirs à des innovateurs de notre côté du Channel… Ensuite, le pragmatisme britannique qui a conduit les nurse practitioners (NP) à saisir les opportunités ouvertes par la réduction du temps de travail des résidents et médecins hospitaliers et des besoins humains qui en résultaient pour assurer le fonctionnement des services (avec d’ailleurs la participation active de la British Medical Association [BMA], qui relayait les offres d’emploi). Enfin, le constat, comme cela se passe maintenant en France, des NP qui ont étendu leurs champs d’actions de manière relativement distinctes selon qu’elles exerçaient à l’hôpital ou bien en ambulatoire (soins primaires).

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