C’est un format de stage inédit. "On a commencé à en parler au printemps avec mon collègue coordinateur Jean-François Gay-Laget, au moment où notre CPTS s’est constituée", explique Cédric Cheviron, l’autre co-coordinateur de la CPTS Croisée Comtoise. Tous deux, co-jury d’un mémoire infirmier, assistent à la soutenance de trois étudiantes à l’Ifsi de Vesoul. "C’est là que nous avons présenté le projet à l’un des formateurs de l'Ifsi, qui a ensuite fait le relais avec la directrice. Un mois plus tard, on recevait les demandes de planning", se souvient-il. Parce que ce partenariat, c’est d’abord "une histoire de rencontre, d’envie commune", assure Dominique Millot, formateur à l'Ifsi de Vesoul.

Leur idée : proposer un stage de cinq semaines à des étudiants infirmiers de troisième année pour les initier à l’exercice coordonné et découvrir l’intérêt du travail en pluripro, "pour savoir sur quoi et sur qui on peut s’appuyer pour améliorer le parcours du patient", précise Cédric Cheviron. Ainsi, au cours de ces cinq semaines, la stagiaire a la possibilité de travailler avec de nombreux acteurs, infirmières ou non. Pendant la 1re semaine, l'étudiante est en stage avec les deux coordinateurs de la CPTS, "et avec ma double casquette de coordinateur en maison de santé, ça permet d’avoir une vision globale de la coordination, tant au niveau local qu’au niveau territorial", indique Cédric Cheviron. La semaine suivante, elle suit une infirmière libérale du secteur, qu’elle soit issue ou non d’un groupement pluriprofessionnel, puis une infirmière de santé publique, "principalement de l’association Asalée", pendant la semaine d'après. La 4e semaine, l'étudiante infirmière rejoint le personnel du centre hospitalier de Vesoul. "On aurait pu imaginer une semaine coupée en deux, une première moitié avec la coordinatrice du centre hospitalier et l’autre avec une IPA, explique le coordinateur de la CPTS qui n’a pas pu faire aboutir ce pan du stage. Mais on n’a pas eu le temps de présenter convenablement le projet." À la place et provisoirement, elle a été remplacée par une semaine en milieu libéral. "Ce qui ne nous semblait pas illogique puisqu’une semaine de stage, ce n’est presque pas assez pour comprendre tous les mécanismes et avoir le temps de créer une relation avec les patients... C’est très condensé en temps d’encadrement." Enfin, pour la 5e semaine de stage, l'étudiante est confiée à une coordinatrice de parcours au sein d'un dispositif d’appui à la coordination (DAC).
 

"Ça change tout !"

L’intérêt pour la CPTS, qui est à l’initiative de ce partenariat : booster l’attractivité de son territoire. "On est dans un territoire principalement rural et on constate un vieillissement au niveau des professionnels de santé, observe Cédric Cheviron. On est concerné, nous aussi, par le phénomène de désertification médicale et paramédicale, et on sait qu’on va avoir besoin d’un renouvellement et donc d’être attractif. On cherche à montrer qu’on est un territoire dynamique, que c’est intéressant et satisfaisant de travailler en pluripro sur notre territoire."

L’Ifsi y voit, quant à lui, l’intérêt du patient. "Le patient hospitalisé que l’étudiante [en contrat de financement avec le CH de Vesoul, NDLR] va prendre en charge à la sortie de ses études, elle peut voir d’où il vient et ce qui l’attend à sa sortie plus clairement. Elle peut l’accueillir et le préparer en connaissant son parcours et ça change tout", se réjouit Anick Othenin, formatrice à l’Ifsi et référente de stage. Une démarche qui s’inscrit donc parfaitement dans la vision de l’institut de formation. "La politique actuelle du système de soin s'oriente vers une vision de parcours : parcours de soin, parcours de santé, parcours de vie, énumère Dominique Millot. C’est une logique que nous défendons depuis longtemps puisque nous avons un modèle de raisonnement clinique qui intègre le vécu de la personne."

Ce stage permet enfin de répondre à l’exigence de professionnalisation des étudiants infirmiers de troisième année, notamment leurs missions de coordination, "des missions qui sont en plein développement, précise Dominique Millot. C’était important aussi pour nous que les futurs professionnels puissent se confronter à la coordination."
 

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