Face à la pénurie de médecins, particulièrement marquée dans le département du Cher (97 généralistes pour 100.000 habitants selon les chiffres 2023 de l’Insee), la CPTS Sud Cher et l’hôpital de Saint-Amand-Montrond salarient deux médecins retraités. Une initiative avant tout destinée "aux personnes qui n’ont pas de médecin traitant, aux personnes qui ont un besoin de soins urgents sans que cela relève de l’urgence vitale et du service des urgences de l’hôpital, aux personnes qui ont besoin de renouveler leur ordonnance en urgence, etc", précise Karine Gambade, présidente de la CPTS Sud Cher.

Henri Lafranque, médecin généraliste à la retraite depuis 2018, effectue 4h de consultations le mercredi après-midi à la maison de santé de Culan. D’ici la fin du mois de novembre, il se rendra également, les mardis après-midi à Lignières, petite commune à une trentaine de kilomètres au nord. "Je me rends disponible, surtout, pour aider les patients qui sont coincés du fait de la désertification médicale que connaît le sud du département", rapporte-t-il dans les colonnes du Berry Républicain. "On l'accueillera dans le deuxième cabinet médical communal situé au sein du bâtiment Les Roses, appartenant à l’Ehpad et équipé par l’hôpital (liaison téléphonique et informatique, matériel, etc.)", indique Hervé Monjoin, maire de Lignières. Si le matériel est effectivement acheté par l’hôpital, il est cependant financé par la CPTS Sud Cher dans le cadre du partenariat.

André Courseau quant à lui, propose des rendez-vous à l’hôpital de Saint-Amand-Montrond tous les lundis. Retraité depuis juillet dernier, "il travaille dans le cadre de cette convention depuis mi-septembre, révèle Amina Kouache, présidente de la commission médicale d’établissement (CME) du centre hospitalier saint-amandois. Son emploi du temps est bien rempli. Tous les lundis, il reçoit quasiment trente patients." Pour prendre rendez-vous, les patients peuvent se rendre chez les pharmacies partenaires de la CPTS Sud Cher. "Il y en a quinze sur l’ensemble du territoire", rappelle Karine Gambade.

Un projet de longue date

Si l’initiative a débuté il y a peu, l’idée, elle, ne date pas d’hier. "En juin 2022, Henri Lafranque a sollicité la CPTS Sud Cher parce qu’il souhaitait donner un coup de main en réalisant des consultations pour les gens qui n’ont pas de médecin traitant. À partir de là, on a cherché comment faire. Ce qui nous a posé le plus de problème, c’était de trouver un employeur pour salarier les médecins retraités, histoire de leur éviter d’avoir l’administratif à gérer et leur permettre d’être flexibles. Au début, on n’a pas du tout pensé à l’hôpital avec qui, pourtant, on a régulièrement des réunions", relate Karine Gambade. En octobre 2022, la question est posée à Alexis Jamet, directeur par intérim de l’hôpital, qui accepte la proposition. Une convention est alors mise en place. "En janvier 2023, on a écrit un courrier, conjointement signé par l’ARS Centre-Val de Loire, l’hôpital et la CPTS Sud Cher, à tous les médecins retraités du territoire afin d’en recruter quelques-uns. On a eu deux réponses positives."

Bien que la démographie médicale atteigne un niveau critique dans le département, le dispositif fonctionne sur la base du volontariat. "L’idée, c’est qu’ils fassent en fonction de leurs envies et de leurs disponibilités. Ils n’ont pas vocation à devenir les médecins traitants des patients", ajoute Karine Gambade.

 

[Avec le Berry Républicain]

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