"L'Assurance maladie travaille sur la santé mentale depuis plusieurs années maintenant", a déclaré Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l'Assurance maladie, lors d'un point presse organisé mardi 1er avril, en préambule de la présentation des derniers chiffres du dispositif "Mon soutien psy", lancé en 2022. "Dans la cartographie des pathologies chroniques que nous présentons chaque année dans le rapport Charges et produits, nous voyons apparaitre le poste de la santé mentale dans lequel nous regroupons les patients atteints de pathologies psychiatriques et ceux qui n'ont pas de pathologies déclarées mais qui consomment des ALD. Cela représente un total d'environ 25 milliards d'euros par an." Une enveloppe qui représente l’un des trois grands enjeux pour la Cnam, tout particulièrement depuis la crise du Covid-19 et ses retombées sur la santé mentale de la population.  

Entre 2017 et 2023, il y a eu une "augmentation significative des troubles anxieux et dépressifs dans la population générale, et plus particulièrement chez certains groupes vulnérables", a-t-elle ajouté, s’appuyant sur les chiffres de Santé publique France, sur l'état de la santé mentale des Français pendant cette période. Ainsi, si les troubles anxieux touchent 13,5% de la population générale adulte en 2017, 23% sont concernés... Un chiffre qui atteint 38% pour les personnes en situation de précarité économique. De plus, les états dépressifs, qui touchaient 9,8% de la population en 2017, concernent désormais 16% de nos concitoyens avec un phénomène particulièrement marqué chez les 18-24 ans (20,8% en 2021 contre 11,7% en 2017). De plus, une étude de l’Assurance maladie concernant la consommation de psychotropes (anxiolytiques, antidépresseurs et antipsychotiques) chez les jeunes démontre "une augmentation significative de la consommation entre 2019 et 2023, particulièrement marquée chez les jeunes filles..." Comme le précise Marguerite Cazeneuve, "tous ces éléments constituent donc un faisceau d'indices" sur le problème de santé publique que représente "la dégradation de la santé mentale en particulier chez les jeunes".  

 

"Une pierre à l’édifice"

"L'Assurance maladie appréhende la santé mentale avec beaucoup d'humilité. C’est un champ qui est extrêmement large et complexe", a précisé Marguerite Cazeneuve, qui dit être consciente que "des enjeux extrêmement forts [sont] devant nous en matière de prise en charge de la santé mentale, mais le dispositif est une pierre à l'édifice". La directrice déléguée a rappelé que "Mon Soutien psy" était novateur pour la Cnam puisque pour la première fois, "l'Assurance maladie a conventionné des professionnels qui ne se reconnaissent pas comme des professionnels et de santé et qui n'ont pas de conventionnement national"

"Nous nous sommes rendu compte qu'il y avait un accès très inégal aux psychologues sur le territoire national", a poursuivi Marguerite Cazeneuve. En France, la densité moyenne des psychologues partenaires est de 8 pour 100.000 habitants et 90% sont installés dans les zones urbaines, dont 48% en centre-ville, 33% en banlieue et 9% en ville isolée.  

Si au début la Cnam a pu rencontrer des difficultés à recruter des psychologues – ces derniers avait notamment pointait des tarifs trop bas pour les séances (30 euros) –, le passage à 50 euros de la séance, appliqué à la mi-2024, a permis de doubler les effectifs. Aujourd’hui, "le dispositif compte 5.500 psychologues conventionnés". "Nous sommes assez confiant sur le fait d'avoir une offre qui va augmenter", a indiqué Marguerite Cazeneuve, qui précise que "16 à 18.000 psychologues remplissent les conditions fixées par l'Assurance maladie pour être conventionné et rentrer dans le dispositif" (sur un total d'environ 75.000 psychologues, selon l'Insee).  

Depuis son lancement en 2022, le dispositif a ainsi permis à 586.858 personnes de bénéficier de consultations remboursées chez le psychologue. En moyenne, les personnes ayant recours à "Mon soutien psy" font cinq séances. En 2023, 20% d'entre elles ont utilisé le nombre maximum de séances, qui était de huit à l'époque (mais est désormais porté à 12). En moyenne, chaque psychologue prenant part au dispositif a ainsi reçu 120 patients et réalisés 611 séances. 

En termes de dépenses, l'enveloppe totale dépensée pour les soins du dispositif s'élève à 118 millions d'euros, dont 74,8 millions d'euros pris en charge par la Cnam. "L'offre a évolué et sera sans doute amenée à évoluer encore", indique Marguerite Cazeneuve qui précise que "l'objectif est d'avoir un partenariat entre le médecin et le psychologue. L'enjeu est avant tout de déstigmatiser la santé mentale et de faire prendre conscience qu'il n’est pas nécessaire d'avoir une pathologie très lourde pour obtenir des soins remboursés." 

 

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