Examinée le 8 février par la commission des Affaires sociales du Sénat, la PPL Rist fait l'objet de nouveaux garde-fous : d'abord sur le cadre de l’accès direct. Si initialement les députés avaient autorisé sa mise en place au sein de structures d’exercice coordonné (établissements de santé ou médico-sociaux, équipes de soins primaires, maisons de santé pluriprofessionnelles, centres de santé ou encore CPTS, la sénatrice Corinne Imbert (LR) ayant estimé qu'il fallait "privilégier les formes plus intégrées de coopération que sont les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), les centres de santé et les équipes de soins primaires et spécialisés" afin de s'assurer que "les masseurs-kinésithérapeutes exercent leur activité en lien étroit avec des médecins", les sénateurs ont supprimé la référence aux CPTS.

"On trouvait déjà qu’en ouvrant uniquement à l’exercice coordonné – structures dans lesquelles n’exercent que 7 % des kinés – la PPL Rist était peu ambitieuse, mais avec cette nouvelle restriction qui enferme l’accès direct à la tutelle médicale, elle devient inacceptable", s’insurge Sébastien Guérard, président de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs (FFMKR), qui qualifie cet amendement de "corporatisme médical pur et dur". Et il s'interroge : "Les kinés qui ne travaillent pas en exercice coordonné ne seraient donc pas aussi compétents que les autres ?!". Avant de rappeler que "l’accès direct n’est pas un contournement du médecin, c’est juste une nouvelle organisation du parcours de soins, une façon de multiplier les portes d’entrée pour les patients. Si le médecin traitant reste le chef d’orchestre de la prise en charge, l’ensemble des kinés sont largement formés et compétents pour l’accès direct sur le champ musculo-squelettique et il est impensable de le circonscrire à quelques territoires…"

Autre amendement ajouté par les sénateurs : celui consistant à limiter le nombre de séances de masso-kinésithérapie autorisé dans ce cadre, et en l’absence de diagnostic médical préalable. De 10 dans la PPL, ce nombre a été porté à 5 par la Commission des Affaires sociales. "Ce qui signifie que quand on prend un patient en charge pour une lombalgie, au bout de cinq séances, et même si le patient va mieux, il va devoir aller chercher une prescription médicale chez le médecin… C’est ridicule", tacle Sébastien Guérard, qui rappelle que les kinés "s’en sortent très bien depuis la nuit des temps sans diagnostic médical". Le diagnostic fonctionnel "est notre cœur de métier et dans ce domaine, on ne se place pas sur un champ concurrentiel avec le médecin", insiste-t-il.

"La proposition de loi est vidée de son contenu", a renchéri, sur Twitter, Guillaume Rall, président du SNMKR. "On a besoin d'ambition pour redonner du souffle au système de santé. On en est bien loin..."
 

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