Diplômée il y a trente-quatre ans à Rennes et installée depuis vingt ans en Guadeloupe, Pierrette Meury-Abraham a exploré au cours de sa carrière les multiples facettes de son métier : infirmière libérale, directrice de crèche, coordinatrice en HAD, intérim en milieu hospitalier… "Quand le master de Marseille s’est ouvert en 2009, j’étais en recherche professionnelle, témoigne-t-elle. J’avais envie d’évoluer et d’augmenter mes connaissances dans certains domaines, après avoir obtenu un DU soins palliatifs, un DU douleur, et un DU plaies et cicatrisation. J’ai intégré le master de Marseille en deuxième année, puis j’ai fait un DU de recherche clinique à Bordeaux et de diabétologie à Strasbourg, avant de connaître pendant deux ans une phase de flottement professionnel. Le cadre de la pratique avancée n’était toujours pas mis en place. Je me retrouvais à avoir une grande partie de mon activité qui était du bénévolat pur. Nous avons été en contact avec l’association Asalée qui souhaitait voir où se trouvait la frontière entre une infirmière Asalée et une infirmière ayant le master préfiguratif. En attendant qu’existe un cadre légal pour la pratique avancée, Asalée était pour moi une façon de travailler autrement et de donner un sens à tout cet investissement ».

Elle suit ainsi la formation et, depuis quatre ans, exerce comme infirmière Asalée dans deux cabinets et dans une maison de santé au Lamentin (Guadeloupe), tous les médecins étant partants pour se lancer dans l’aventure IPA sur ce territoire, avec une très grosse prévalence de pathologies chroniques.

En avant le compagnonnage !

Référente experte pour le réseau de télémédecine Plaies et cicatrisation, Pierrette Meury-Abraham a noué des liens de confiance avec les praticiens avec qui elle travaille depuis des années : "Ils savent que je ne suis pas un cow-boy et que je ne vais pas me lancer dans des choses que je ne sais pas faire." Une phase de compagnonnage est prévue dès le mois de juillet, avec des consultations en binôme "pour que, dans le champ de la pratique avancée, ils sachent exactement jusqu’où je peux aller en toute sécurité mais également pour établir le lien de confiance avec les patients".

L’infirmière Asalée disparaîtra-t-elle avec l’arrivée des IPA ? "Tout le monde a sa place, pense-t-elle, et est amené à travailler en complémentarité. Beaucoup d’infirmières Asalée ont développé une pratique avancée dans certains domaines, sans aller jusqu’à la prescription et le renouvellement. Et tous les cabinets de médecine générale ne seront pas adaptés à l’accueil d’une IPA." 

Pour Pierrette Meury-Abraham, l’association Asalée aura été un tremplin pour aller plus loin. "Cela m’a donné une vraie bouffée d’oxygène car les gens sur le terrain sont écoutés et sollicités. Je me suis engagée dans le groupe recherche et développement d’Asalée, ce qui m’a permis, ces quatre dernières années, de travailler sur des missions transverses que l’IPA aura à mener. Plus on a une maturité professionnelle, plus on est à même de développer des compétences à un niveau supérieur, passant de novice à expert, en s’accrochant sur les connaissances pratiques acquises. J’ai passé ma vie professionnelle à me battre pour faire avancer la profession. Aujourd’hui, à 58 ans, alors qu’il ne me reste que neuf ans d’exercice, l’arrivée de la pratique avancée m’apporte le plateau sur lequel je vais pouvoir mettre toute mon expérience et mes connaissances pour en faire un projet cohérent. Comme beaucoup d’infirmières, j’ai failli arrêter parce que c’est terrible d’être sous-utilisée. On va pouvoir préparer le terrain pour celles qui suivront. Je suis la plus heureuse des infirmières ! "

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