Après quinze ans passés en cardiologie, Claudine Plançon est, depuis 2001, l’une des quatre assistantes en pathologie prostatique de l’institut mutualiste Montsouris (Paris). Une dénomination propre à cet établissement qui, sous l’impulsion du Pr Guy Vallancien, chef de service à l’époque, expérimente, depuis plus de quinze ans, le métier d’infirmière en pratique avancée (IPA). Objectif : permettre une meilleure prise en charge des patients, en gagnant du temps médical.

La formation, combinant une expérience de terrain (consultations, bloc opératoire) et un aspect théorique (cours de chirurgie, cours sur les pathologies propres à l’urologie, les médicaments…), lui a permis de travailler à mi-temps en hospitalisation et à mi-temps en pathologie prostatique : "Je reçois tous les patients ayant un problème de prostate (adénome , cancer, traitements hormonaux). S’agissant des adénomes, je fais les anamnèses (relevés d’antécédents, d’allergies, d’examens) et commence à expliquer au patient quelle sera la suite du parcours, avant le médecin, qui est vu immédiatement après. Pour les patients ayant été opérés d’un cancer de la prostate, je faisais au départ les consultations en alternance avec un médecin. Nous avons maintenant mis en place une consultation immédiatement après la consultation de l’urologue, six semaines après l’opération, pour que je puisse leur parler de la dysfonction érectile et leur expliquer tous les traitements possibles (gel intra-urétral, injections intracaverneuses, pompe pénienne, implants péniens…). Je peux éventuellement leur faire la première injection intracaverneuse."

Pas d'évolution de salaire

Les prescriptions médicamenteuses sont faites généralement pour la première fois par le médecin. Des protocoles ont également été mis en place pour permettre aux assistantes en pathologie prostatique de prescrire des séances de kinésithérapie, de faire un contrôle du taux d’antigène spécifique de la prostate (PSA), une échographie pelvienne, une analyse d’urine ou un bilan urodynamique. "Si j’ai le moindre doute, je peux me référer immédiatement à un médecin", précise Claudine Plançon, qui voit les patients dans un bureau dédié. "Généralement, les patients aiment bien cette consultation, car mes plages horaires sont plus longues (trente minutes), et ils ont beaucoup plus d’échanges avec moi. Avec l’expérience et le temps, je suis capable de leur dire ce qu’ils peuvent éventuellement ressentir, par rapport à l’incontinence ou la dysfonction érectile. Je peux également les orienter vers une psychologue." 

Sur son bulletin de salaire, en revanche, il n’y a pas eu d’évolution. La variété et l’intérêt du travail ont un peu compensé ce manque d’augmentation, dit-elle. "Infirmière, c’était mon choix de départ, et je le resterai. Mais cette évolution vers la pratique avancée est un plus indéniable, pour un travail, un contact, une culture et des connaissances différents. Je n’ai jamais eu de souci, mais la question de la responsabilité légale se pose toujours."

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