Depuis plusieurs années, les textes réglementaires et les recommandations nous incitent à développer la coopération entre professionnels et la coordination des soins. Si sur le principe, les professionnels sont d'accord, ils sont, dans la réalité, confrontés à des difficultés : méconnaissance des autres professionnels et de leurs compétences, mode d'installation conduisant à l'isolement, manque de temps... et surtout des études médicales, paramédicales et sociales encore très cloisonnées.
Françoise Annézo, infirmière formatrice à l'Afdet, Association francophone pour le développement de l'éducation thérapeutique
En tant qu'ancienne coordinatrice du réseau Diabète 35, l'idée de créer un enseignement à l'interprofessionnalité pendant la formation initiale m'est venue dès les années 2000. Confrontée aux difficultés de créer du lien et de la coordination entre les différents acteurs de la santé, je suis arrivée à la conclusion que cela nécessitait d'acquérir des compétences spécifiques qui viendraient étayer la réalité du terrain. Car, oui, "travailler ensemble, ça ne s'improvise pas, ça s'apprend !"
Le travailler ensemble est avant tout une affaire de relations sociales : qui sont ceux avec qui je vais travailler ? Quels sont ces métiers et leurs compétences ? Quelle est la place des patients dans un projet de santé ? Face à cette multitude d'interrogations, je suis allée à la rencontre du département de médecine générale de la faculté de Rennes et des différentes écoles de formation afin de leur proposer un projet novateur : la mise en place d'un séminaire expérimental, rassemblant des étudiants en formation initiale de différentes filières des champs de la santé et du social. L'aventure, débutée en 2009, se poursuit encore aujourd'hui à Rennes et Besançon et rassemble une douzaine de filières. Cet enseignement a permis de mettre en valeur des étapes fondatrices indispensables à explorer si on veut espérer développer des collaborations solides et pérennes. Mais quelles sont-elles ?
Tout d'abord, il est impératif de se connaître pour se reconnaître. En effet, le préalable indispensable au développement des coopérations professionnelles consiste à explorer les représentations qu'ont les uns des professions des autres ! Nos représentations sont le filtre à travers lequel nous voyons le monde et en prendre conscience permet de comprendre comment elles nous gouvernent, ainsi que les retombées qu'elles peuvent avoir sur notre pratique. Elles peuvent être à l'origine de bien des difficultés et devenir une entrave à la coopération. Il est donc nécessaire de bien identifier les freins ainsi que les facteurs qui peuvent la favoriser, afin d'éviter bien des impasses.
Travailler ensemble, ça ne s'improvise pas, ça s'apprend !
