Après avoir passé des mois à batailler avec l’administration, les revendications du collectif ML Corsica, qui réunit 300 membres, soit la moitié des médecins généralistes et spécialistes libéraux de l’île (d’après les chiffres de la Drees), semblent enfin avoir trouvé écho auprès de l’Assurance maladie. En effet, cette dernière leur a demandé de formuler plusieurs propositions pour améliorer l’accès aux soins, tout en tenant compte des spécificités de l’île (zone montagneuse, population vieillissante avec des pathologies chroniques…). "Nous avons fait des propositions, qui vont être étudiées lors des prochains jours à l'occasion des négociations conventionnelles. C'est historique car cela n'est jamais arrivé depuis que la convention existe, en 1960 !", s’est réjoui Cyrille Brunel, porte-parole du collectif, auprès de France 3.

Épaulé par la CPAM Haute Corse, qui a accompagné les médecins dans la rédaction de leurs propositions, le collectif a ainsi établi six pistes qui permettraient "l'amélioration de l'accès aux soins, l'amélioration des conditions d'exercice et par ce fait le renforcement de l'attractivité du territoire pour les médecins généralistes et spécialistes". Les médecins proposent ainsi une majoration d'acte pour les consultations dites "complexes" et du système de cotation des indemnités kilométriques ; la prise en compte des visites longues, compte tenu des "spécificités géographiques, des difficultés d'accès au domicile des patients isolés et du vieillissement de la population" ; la possibilité de cumuler un acte clinique et un acte technique pour les médecins spécialistes, "dans une limite de deux actes étant donné les conditions budgétaires actuelles", afin d’éviter une multiplication des consultations pour le même patient, et donc "de prendre en charge 30 % de patients en plus tout en économisant 20 % de frais de transport sans augmenter les frais médicaux par malade", explique Cyrille Brunel. Le collectif propose également de pouvoir cumuler deux actes techniques et de réaliser la consultation par téléphone. "Nous proposons la possibilité de réaliser des téléconsultations par téléphone pour les personnes âgées par les médecins prenant en charge habituellement le patient, et cela uniquement à l’initiative du médecin dans le cadre d’un suivi."

Peu d’espoir et beaucoup de pression

Si ces mesures étaient acceptées, "les insulaires qui vont faire leurs études de médecine sur le continent seraient bien plus intéressés par un retour en Corse. Et on verrait même arriver des praticiens qui ne sont pas insulaires", précise Cyrille Brunel, qui estime que ce serait "gagnant-gagnant-gagnant" et que "tout le monde en tirerait bénéfice. Le patient, en premier lieu, le praticien, et la caisse d'Assurance maladie".

Cependant, le collectif n’est pas très optimiste concernant l’adoption de ces propositions. "On a beau leur démontrer qu'il y a un intérêt financier et un intérêt pour faciliter l'accès aux soins, si par malheur cela n'entre pas dans leur schéma, ça les dérange."

Pour maintenir la pression, le ML Corsica a déjà annoncé une grève du 26 au 29 décembre. Dans le même temps, afin d’assurer un maximum leurs chances de réussite, ils en ont appelé aux politiques. Ainsi, six parlementaires corses - les députés Jean-Félix Acquaviva, Michel Castellani, Paul-André Colombani, Laurent Marcangeli, ainsi que les sénateurs Jean-Jacques Panunzi et Paulu Santu Parigi - ont adressé un courrier à Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, précisant que "les tensions relatives à l'offre de soins y sont importantes et se répercutent fortement sur l'exercice de la médecine libérale. Il nous apparaît donc essentiel et urgent d'engager une amélioration de l'accès au soin en Corse à travers la mise en œuvre de solutions adaptées aux spécificités populationnelles, géographiques et économiques qui sont les nôtres".

"L'État doit se rendre compte que les choses ont changé, et qu'il faut s'adapter à la nouvelle donne. C'est capital. Sinon, les dépassements d'honoraire et les déconventionnements vont se multiplier, et ce seront les patients qui en seront les premières victimes", a déclaré le député Paul-André Colombani.

[Avec France 3]
 

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