Les chiffres sont affolants. 66% des 31 281 infirmières sondées déclarent avoir été victimes de violences dans leur exercice professionnel et 73% en ont été témoins : 40% "plusieurs fois par an" et 15% "toutes les semaines ou presque". 75% des infirmières ont été victimes ou témoins d’insultes, 45% de menaces physiques, 43% de dénigrement, 37% des coups, 16% de menaces de morts, et 10% de dégradation de biens personnels. C’est ce que révèle la consultation de l’Ordre national des infirmiers, publiée ce jeudi, deux jours après l’agression de Carène Mezino, infirmière au CHU de Reims.  

Plus de la moitié (54%) des infirmières interrogées ne se sentent pas en sécurité sur leur lieu de travail, indique l'enquête. Parmi les principales causes de violence : les reproches liés à la prise en charge (48%), les troubles cognitifs (42%), l’état d’ébriété ou de prise de stupéfiant (23%) ou le temps d’attente jugé trop long (28%). 66% ont été victimes ou témoins de violences commises par des patients, 43% de violences commises par des proches de patients et 31% de violences exercées par un autre soignant, ou par un membre du personnel ou de la direction de l’établissement ou de la structure dans laquelle elle exerce.  

Globalement, 72% des infirmières ont ainsi déjà eu le sentiment de faire l’objet de violences émanant “d’une institution pour laquelle ils travaillaient ou étaient en lien dans le cadre de l’exercice professionnel, en termes de conditions de travail, d’attitude de la hiérarchie, de manque de reconnaissance, etc.”. Cette violence peut par exemple prendre la forme d’une surcharge de travail (76%), d’un manque de soutien et d’accompagnement dans la pratique au quotidien (55%), d’un manque de reconnaissance des compétences (56%) ou de reconnaissance financière (54%) 

Pour prévenir les agressions et protéger les infirmiers, il faut prévoir "un régime de sanctions renforcées" pour les agresseurs et "une meilleure écoute" des victimes "de la part des autorités policières et judiciaires", a commenté l'Ordre, mais aussi "traiter les causes structurelles des violences, qui ne se réduisent pas qu'à la responsabilité de leurs auteurs : manque de personnel, pressions sur les soignants, désorganisation entraînant tensions et surmenage", indique son communiqué de presse.  

L’Ordre souhaite également sensibiliser à l’importance de déclarer les violences que subissent les infirmières, pour permettre un traitement et une prévention efficace. En effet, 38% des victimes ou des témoins n’ont effectué aucune démarche après une violence estimant qu’elle n’aboutirait pas (43%), qu’elle serait inutile (34%), ou pas soutenue (34%). 
 

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