Jamais il n’y avait eu autant de déclarations de la part des médecins. Et pourtant, pour Jean-Jacques Avrane, le délégué chargé de l’Observatoire sur la sécurité des médecins, il s’agit d’un chiffre largement sous-estimé. "Beaucoup d’agresseurs sont en fait des patients, et en tant que médecins, nous sommes ici pour les soigner et donc beaucoup d’entre nous hésitent à les signaler", a-t-il indiqué.

Les médecins généralistes sont les plus touchés par le phénomène, ils sont 71 % à avoir déclaré un incident alors qu’ils ne représentent que 43 % de la population totale des médecins. Viennent ensuite les psychiatres, qui sont exposés à bien plus de risques, puis les cardiologues et les gynécologues/obstétriciens. "Il peut être difficile d’avoir accès à ces deux spécialités, ce qui peut rendre les patients agressifs, mais ce n’est qu’une hypothèse, précise Jean-Jacques Avrane. Quelle que soit la spécialité, les agressions augmentent."

Dans 73 % des cas, les médecins rapportent des agressions verbales et des menaces, qui sont en nette progression depuis 2021, passant de 710 à 906 médecins agressés ou menacés cette année. S'ensuivent les vols dans 10 % des cas (en particulier les ordonnances, les sacs à main et les cartes professionnelles). Le principal motif évoqué par les médecins vient d’un reproche fait sur une prise en charge (33 %) et un refus de prescription (20 %). "Nous sentons l’insécurité monter et nous sentons qu’un drame peut arriver à tout moment", commente le délégué. Pour ce dernier, le nombre d’incidents dans les centres de santé est aussi fortement "sous-évalué, car les chiffres sont trop bas". Il ne représente que 23 % des signalements contre 73 % pour ceux commis dans le cadre d’un exercice de médecine de ville.

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