L’année 2020 sera « à haut risque », de l’aveu même du président de la Conférence des doyens des facultés de médecine, car elle sera l’année de la fin de la Paces et celle du début du nouveau 2e cycle sans ECN. « Nous avons eu moins d’un an pour tout mettre en place et transformer un système qui n’avait pas été réformé depuis les 25 dernières années. L’ambition de l’agenda était majeure, et cela été vécu comme une contrainte. L’objectif est légitime et vertueux, mais pour réussir ce chantier sans précédent, il y a des ingrédients indispensables qui traduisent les difficultés et l’ampleur de la tâche », analyse le Pr Jean Sibilia, doyen de la faculté de Strasbourg.

La refonte des études répond à quatre objectifs principaux : « Améliorer le niveau de réussite de très bons lycéens qu’on pouvait considérer comme étant trop en échec dans la filière unique Paces ; donner du bien-être aux étudiants alors que la notion d’un concours avec pédagogie sanction n’est plus envisageable ; diversifier le profil des étudiants en luttant contre une sélection déterminée par des critères  socio-économiques ; et rénover les contenus et l’évaluation, en introduisant des oraux dans les phases d’admission des filières médicales. »

La réflexion pédagogique pour le 1er cycle est actuellement menée dans les universités qui doivent valider les différentes modalités d’accès aux études de santé dans Parcoursup fin 2019, puis les modalités pédagogiques début 2020 par la commission de l’université (CFVU). Chaque université doit proposer des modèles d’accès différents, comportant le cas échéant un parcours spécifique « accès santé » avec une option d’une autre discipline (Pass), un parcours de licence avec une option « accès santé » (LAS) et une voie ouverte pour d’autres professionnels de santé. Pour le 2e cycle, les travaux sont également en cours, les facultés devant valider leur projet et les nouvelles modalités de contrôle début 2020, puis les faire adopter par la CFVU avant la rentrée étudiante.

Algorithme prédictif

Alors que le numerus clausus disparaît et que l’objectif affiché est d’augmenter de 20 % le nombre de médecins formés par an, il faudra conserver une régulation et définir un nombre optimal, en fonction des terrains de stage et des besoins du territoire. Et cela en développant un outil pratique et efficace de prédiction. « L’expérience du passé suggère l’importance d’une maîtrise intelligente de la démographie médicale pour éviter les effets yo-yo illustrés par les excès des années 1980 et les déficits des années 2000. Il est donc indispensable de revoir notre système pour lui donner une expertise nouvelle en impliquant les ARS, les universités, les collectivités et les patients. Et renforcer les moyens de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé », souligne Jean Sibilia, qui appelle à sortir d’une vision politique à 4-5 ans.

« L’engagement déterminé » des équipes pédagogiques avec le soutien « d’indispensables moyens complémentaires à la hauteur des enjeux », la promotion d’un « esprit nouveau marqué par plus de créativité, de curiosité et d’esprit d’entreprise », avec une mobilité internationale et « l’appropriation de la médecine connectée et de l’intelligence artificielle de demain », sont, selon Jean Sibilia, d’autres conditions dont il faut tenir compte pour une vraie transformation.

RETOUR HAUT DE PAGE