"9 consultations sur 10 incluent des éléments hors du champ de compétence des IPA" c'est le constat que fait Camille Charrier, étudiante en 4e année de médecine à Angers. L'année dernière, dans le cadre de son master en recherche en santé publique, elle réalise un stage en médecine générale auprès du docteure Aline Ramond Roquin, qui lui a proposé de travailler sur le sujet. "On a pu constater que les besoins en soins primaires étaient bien plus complexes que le cadre réglementaire de la formation des IPA", confie-t-elle. 

Les IPA en soins primaires sont aujourd'hui formées pour le suivi de huit maladies chroniques : les AVC, les artériopathies, les cardiopathies, les BPCO, les diabètes, les cas de démences, parkinson, et les épilepsies. Mais en pratique, toutes ces maladies ne sont pas régulièrement rencontrées. "On s'est rendu compte que parmi ces huit pathologies que les IPA en soins primaires peuvent traiter, il n'y en a que deux ou trois qui sont vraiment abordées en consultation : l'artériopathie, le diabète et les maladies coronaires. Les autres sont très à la marge" explique l'étudiante qui s'interroge sur leur pertinence.  
 

Source : "Renouvellement d'ordonnance en médecine générale : perspectives pour les IPA en soins primaires", de C. Charrier, S. Bénéteau, D. Sibille, J.F. Hamel Broza, et A. Ramond Roquin


L'étude va plus loin. Lors d'une consultation pour un renouvellement d'ordonnance dans le cadre de l'une de ces huit maladies, le champ de compétence de l'IPA s'avère souvent limité. "Par exemple en soins primaire, la majorité des consultations des IPA pour suivi chronique concernent aux alentours de trois, voire quatre problèmes de santé. Donc même si le patient vient pour un simple renouvellement d'ordonnance, il se passe plein d'autres choses. Il y a toujours d'autres problématiques de santé abordées, observe-t-elle, comme les maladies ostéoarticulaires, la nutrition, l'endocrinologie, etc." Résultat : "il y a un décalage entre les besoins des patients et ce que leur permet de faire la formation. 9 consultations sur 10 incluent des éléments hors du champ de compétence des IPA, affirme la jeune femme. Peut-être que le cadre réglementaire limite les possibilités des IPA." Pour l'étudiante, le renouvellement d'ordonnance est "peut-être pertinent, mais pas dans ces conditions", puisqu'à la fin de la consultation, le patient devra être réorienté vers un médecin. Le gain de temps est donc remis en cause 

Néanmoins, Camille Charrier ne nie pas l'intérêt des IPA dans le paysage médical français. "Cette étude n'a pas permis de voir toutes les potentielles plus-values de cette profession, mais bien sûr, les IPA peuvent apporter plein d'autres points positifs"  
 

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