Quel impact de la qualité de vie au travail sur la santé des soignants ? “Une difficulté souvent rencontrée, a lancé Alice Alvarez, présidente de l’Association nationale de médecine du travail et d'ergonomie du personnel des hôpitaux (ANMTEPH), c'est la pénurie de médecins du travail" ajoutant qu'il devient d'autant plus compliqué pour les soignants d'accéder à ce type de service. Pour la médecin du travail au CH de Montauban, une bonne qualité de vie au travail dans les structures publiques serait intimement liée à une bonne santé des soignants, mais les mesures pour assurer leur suivi sont difficiles à mettre en place. "Bien que la profession de médecin du travail à l'hôpital ait beaucoup évolué, - depuis quelques années les médecins viennent nous consulter, chose que l'on ne voyait pas il y a 20ans – il reste un problème sur la gestion du temps…" Pour Alice Alvarez, si des politiques sont à mettre en place, la difficulté récurrente reste la gestion du temps du personnel dans les hôpitaux, "les soignants médicaux et paramédicaux n'ont pas le temps".
Une vision qu’essaient de changer Marie Audubert Queneau et Pierelle Boursaly, respectivement directrice et adjointe du département santé, qualité de vie et conditions de Travail à l'AP-HP. "Depuis 2023, on porte les EDT, ce sont des espaces de dialogue sur le travail", raconte Marie Audubert Queneau. En pratique, il s'agit de temps d'échanges réguliers en équipe, "autour du fonctionnement et de l'organisation des services ainsi que de la vie d'équipe et de la coordination", complète Pierelle Boursaly. Ensemble, les professionnels cherchent des solutions pour améliorer leur qualité de vie au travail, "et a fortiori la qualité de prise en charge des patients".
David Guillet, président de la FCPTS et de l’URPS infirmiers Pays de la Loire, a assuré qu’"on aimerait bien qu'il y ait des investissements dédiés à la santé des soignants dans les CPTS". Car il y a clairement un manque de dispositifs en médecine de ville. "On confond souvent libéral et liberté, mais en réalité on ne sent pas libre de s'inquiéter pour soi après avoir passé une journée chargée."
Si pour le président de la FCPTS, un intérêt plus accru pour la santé de soignants "pourrait jouer sur l'attractivité et la stabilité des professionnels dans les territoires", cela demande un investissement de la part des pouvoirs publics. "Ma première consultation d'un médecin du travail, c'était après dix ans d'exercice, ajoute-t-il. Aujourd'hui, je n'en ai pas vu depuis huit ans, car il n'y a aucune obligation pour nous, les professionnels libéraux, de consulter."