édito publié dans Concours pluripro, mars 2024
 

"Il nous faut tout mettre en oeuvre pour que les personnels de santé restent en bonne santé." En octobre dernier à Toulouse, Agnès Firmin Le Bodo, alors ministre déléguée, insistait sur la nécessité de prendre soin de ceux qui nous soignent. Une démarche de santé publique mais aussi une vraie nécessité dans le contexte actuel de désertification en santé et de difficultés d'accès aux soins. Car tous les rapports disent l'urgence de la situation : 71 % des professionnels interrogés dans le cadre du rapport sur la santé des professionnels de santé – remis au ministère de la Santé – estiment que le niveau de stress lié à leur activité professionnelle est "supérieur à 6/10" ; 77 % affirment "ne pas dormir suffisamment" ; 63 % pensent que leur état de santé "n'est pas bon" ; 14 % déclarent ne pas avoir de médecin traitant ; et seuls 11 % qui ont accès à la médecine du travail jugent que leur dernière consultation "a eu un impact positif". En 2022, une enquête réalisée par le collectif Santé en danger révélait, pour sa part, que 98,4 % des professionnels sont en souffrance (+1,1 % depuis janvier 2021) et que 71,3 % envisagent une reconversion (+4,2 %).

Comment apporter un mieux-être au travail ? Comment attirer et fidéliser les soignants ? Pour agir "ensemble" pour la santé des professionnels de santé – comme le recommande le rapport corédigé par Philippe Denormandie, Marine Crest-Guilluy et Alexis Bataille-Hembert et remis au ministère de la Santé en octobre 2023 –, la "dynamique de groupe" qui prévaut au sein des structures d'exercice coordonné est un atout pour vivre plus sereinement son métier (voir le Dossier de ce mois-ci). Pourquoi ? En raison notamment de la mutualisation ou de la réorganisation possible des tâches et des fonctions support, d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, d'un plus grand partage des responsabilités ou encore de ce "matelas financier" qui réduit le stress en cas d'absence inopinée d'un membre de l'équipe.

Par la force du collectif, l'équipe plurielle, notamment en maison de santé, permet d'être un rempart contre l'épuisement professionnel, souvent tu et très peu admis par les professionnels de santé, qui se croient, à tort, à l'abri de ces risques. L'état de santé des professionnels de santé étant un indicateur fiable de la bonne santé du système de soin, il est urgent aujourd'hui d'accepter le fait qu'ils puissent parfois se retrouver en difficulté et avoir besoin, eux aussi, d'être accompagnés. Soigner et se soigner, il ne faudrait pas qu'ils aient à choisir.

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