65% des infirmières se déclarent insatisfaites par rapport à leur profession. C’est ce que révèle l'enquête dévoilée hier par la Fédération nationale des infirmiers (FNI)*. Un chiffre qui s’élevait à 19% en mai 2014, précise la FNI, témoignant ainsi de l'ampleur du mécontentement. "Ce n'est pas dans nos habitudes de convoquer de grandes conférences de presse. Si nous le faisons aujourd'hui, c'est parce que nous nous retrouvons dans une situation où il y a urgence à agir, révèle Daniel Guillerm, son président, lors d’une conférence de presse le 18 mars dernier. Nous sortons d'une crise sanitaire qui a été extrêmement longue et pénible pour les professionnels de santé, notamment les infirmières libérales." Une pandémie qui a généré de fortes attentes, qui ont elles-mêmes été potentialisées par des déclarations, notamment du président de la République à Mulhouse en mars 2020.  

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"Si aujourd'hui la profession est dans cette marmite bouillonnante, c'est en partie parce que les promesses n'ont pas été tenues et que les espoirs qu'elles avaient générés ont été touchés par le Ségur de la Santé, très hospitalo-centré avec très peu de valorisation pour la médecine de ville." Pour Daniel Guillerm, tous ces facteurs ont généré une frustration importante. Ajoutés à un contexte d'inflation élevé (notamment le prix du carburant), les infirmières se sont donc retrouvées particulièrement touchées. "Même si des efforts ont été consentis l'année dernière, ils ne couvrent pas aujourd'hui les augmentations liées à l'inflation."  

De plus, la reconnaissance attendue par la profession n'arrive pas. "La valorisation financière avec une lettre-clef est en effet bloquée depuis 2009. La profession est enfermée dans un marché prix/volume dans lequel la Cnam oppose toujours la hausse des volumes, lorsque nous demandons une augmentation de la valeur de l'acte, explique le président de la FNI. Nous avons l'impression d'être dans une double injonction, qui plus est, paradoxale. On nous dit aujourd'hui qu'il faut s'inscrire dans un virage ambulatoire avec l'approche domiciliaire (maintien à domicile) et de l'autre, qu'il va falloir faire à moyen constant, alors que des transferts s'opèrent de l'hôpital vers la ville." 

 

L'insatisfaction a triplé en 10 ans

"Les deux tiers des infirmières que nous avons interrogées se déclarent insatisfaites (65%) et presque un quart (22%) se disent très insatisfaites", assure Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive France, à la suite du sondage* auquel 1.003 personnes ont participé, avant de rappeler que l'évolution de cette insatisfaction est extrêmement nette par rapport aux années précédentes : 19% en 2014, 48% en 2020 et 2021. "La satisfaction de la profession s'inscrit essentiellement autour de trois aspects : la liberté d'organisation et d'autonomie (82%) ; l'accès aux formations (74%) ; et l'utilisation des outils numériques dans le cadre de l'activité (69%)", révèle-t-il. Du côté de l'insatisfaction, trois aspects ressortent également : les revenus (74%) ; la place des tâches administratives (88%) ; et enfin de l'inquiétude concernant les perspectives de retraite (97%). "Pour 78% des infirmières libérales interrogées, elles ont l'impression que leur profession a évolué négativement au cours des dernières années."  

 

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