Assurer "d’une part, l’accès aux droits, à la prévention et aux soins auprès des publics les plus vulnérables ; d’autre part, la sensibilisation des acteurs du système de santé sur les obstacles du public dans son accès à la santé" : la Haute Autorité de santé a défini en 2017, dans son référentiel métier sur "La médiation en santé pour les personnes éloignées des systèmes de prévention et de soins", les objectifs de cette fonction née dans les années 1980 dans le milieu associatif. Cinq ans plus tard, alors que nombre de structures pluriprofessionnelles ont recruté des médiateurs, François Braun salue les résultats obtenus. Le 3 octobre, en conclusion de la journée de lancement du Conseil national de refondation, il a ainsi déclaré : "Nous devons repousser les frontières de la santé, pour atteindre tous ceux de nos concitoyens qui ont des besoins spécifiques. C’est notre responsabilité et elle est immense. Cela vaut pour la prévention, pour le dépistage, pour le soin, et pour les suites de soin. […] J’ai la conviction que la médiation en santé, qui mobilise des professionnels non soignants pour accompagner nos concitoyens, jeunes, précaires, isolés, vers les professionnels de santé, est une clé de notre action collective."
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Enfin une vraie reconnaissance de ces acteurs essentiels de la prévention ? La déclaration semble en tout cas aller dans le sens d’une meilleure intégration dans les stratégies de santé publique de la médiation, dont les contours, en l’absence de cadre national, dépendent encore largement de l’expérience de chaque structure. À la MSP Kruysbellaert, à Dunkerque (Nord), l’aller-vers est au cœur de la stratégie. Avant de prendre ses fonctions, Naïma Saaïdi, sa médiatrice, donnait des cours de français dans des maisons de quartier. "Je rencontrais beaucoup de personnes qui s’étaient éloignées du soin parce qu’elles ne comprenaient pas ce que leur disaient les médecins, raconte-t-elle. Or si on arrête de consulter un an, deux ans, la situation peut dégénérer…"
Pour aller à leur rencontre, la MSP a mis en place des ateliers, ainsi que des cafés santé lors desquels elles peuvent exprimer leurs préoccupations, tandis que les professionnels rappellent les risques de pathologies courantes, comme le diabète. La médiatrice effectue par ailleurs un suivi plus personnalisé de patients en difficulté. "Aujourd’hui, j’accompagne une douzaine de personnes, détaille Naïma Saaïdi. Elles ne notent pas forcément les rendez-vous donc je les rappelle un peu avant. Puis je traduis pour elle les consultations, en ville ou à l’hôpital. Et cela porte déjà ses fruits : elles ne craignent plus d’aller chez le médecin."