Jean-Louis Borloo connaît son sujet : il a occupé d’éminentes fonctions ministérielles l’amenant à définir la politique de la ville et de la rénovation urbaine, de l’aménagement du territoire, du logement et de la cohésion sociale. C’est sa force. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que dix ans plus tard, son héritage, même si cette politique a été amendée par ses successeurs, ne frappe pas l’opinion par sa réussite. C’est sa faiblesse.

Quoi qu’il en soit, sans doute aidé par l’absence de concurrence sérieuse, c’est à lui que le président de la République a demandé de concevoir un plan en faveur des QPV, les quartiers prioritaires de la ville. Dix-neuf chapitres sont issus de cette réflexion menée au contact des communes et des agglomérations, des régions et des départements, des entreprises et des partenaires sociaux, des associations et de l’État, dont l’un est consacré à la santé.



Dr Alain Trébucq. 


Il met en exergue un point essentiel, à savoir que dans les quartiers populaires défavorisés, la santé est devenue un bien plus précaire qu’ailleurs en raison de mauvaises habitudes alimentaires, de conduites à risque, d’un recours trop tardif aux soins. Et face à des besoins de santé qui vont croissant, l’offre de soins y recule. Ainsi, la densité en professionnels de proximité y est deux fois inférieure à ce qu’elle est dans les villes auxquelles ces QPV sont accolés ; quant aux médecins spécialistes, ils y sont 3,2 fois moins présents.

Face à ce constat, le rapport Borloo n’apporte pas de réponse originale ou nouvelle. Parmi les solutions préconisées, la sensibilisation des jeunes à leur santé, le soutien aux centres et maisons de santé, l’installation de structures médicales légères en complément des cabinets, maisons et centres de santé. Mais bien que le mot soit cité une fois, ce qui semble manquer le plus dans ce chapitre, c’est la dimension communautaire permettant une approche populationnelle et non plus individuelle, une approche faisant la part belle à la médiation en santé, trait d’union entre les communautés et les professionnels de santé. Un trait d’union permettant de surmonter les obstacles des langues, des coutumes et des croyances ainsi que des religions.

Les fédérations des structures d’exercice collectif se félicitent cependant des propositions de financement des postes de médiation médicale et de soutien au développement des centres et maisons de santé au contact des QPV. Y aura-t-il pour autant passage à l’acte ?

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