Le constat n’est pas nouveau mais il reste alarmant : Grenoble compte 6,1 médecins généralistes libéraux et salariés pour 10 000 habitants, contre 9,1 en région Auvergne-Rhône-Alpes, 9,4 dans le département de l’Isère ou 8,7 au niveau national… C’est ce qui ressort d’une enquête, réalisée par la CPTS de Grenoble en partenariat avec l’Observatoire de la santé publique (OSP), du 5 décembre 2022 au 31 avril 2023, et qui a recensé les effectifs de médecins généralistes (secteur 1 et 2) et projeté l’évolution de la démographie médicale sur le territoire. Premier constat : la médecine générale à Grenoble fait grise mine. Deuxième constat : pour répondre à la demande de soins, une meilleure répartition des praticiens devrait être mise en place sur le territoire, et "chaque médecin généraliste [devrait être le] médecin traitant de 1 648 patients", précise l'enquête.

Zoom sur les principaux chiffres de l’enquête.

> A août dernier, 71 médecins généralistes libéraux (hors médecins à expertise particulière) et 25 médecins salariés en centres de santé avaient une activité "régulière et durable" à Grenoble, révèle la CPTS.


> La moyenne d’âge des généralistes libéraux est de 53,9 ans (contre 50,1 ans en Isère). 46% des MG ont plus de 60 ans et sont deux fois plus nombreux que les MG de moins de 40 ans (23%).

> 34,8% des professionnels sondés déclarent un second mode d’exercice, notamment des gardes à la maison médicale du CHU de Grenoble.


Répartition des MG grenoblois selon l’année d’installation, CPTS Grenoble, août 2023


> Pour 1 installation, Grenoble compte "plus de 2 cessations" d’activité, révèle l'enquête. Ainsi, entre 2018 et 2023, le nombre de médecins généralistes a diminué : 32 nouvelles installations pour 68 arrêts d'activité. En comparaison, le département de l'Isère a vu 321 nouvelles installations pour 417 arrêts d'activité au cours de la même période, soit un ratio de 1 installation pour 1,3 cessation, précise la CPAM. D’ailleurs, un recensement auprès des médecins de plus de 61 ans montre une accentuation de cette dynamique dans les mois et années à venir : 19 généralistes libéraux sur les 42 contactés préparent un départ à la retraite à court ou moyen terme (2023 à 2025)

> Parmi les 71 MG libéraux (hors MEP) en activité régulière et installés à Grenoble, la CPTS de Grenoble recense 56,3% de femmes (53,3% à l’échelle du département, 49,9% pour la région et 44,3% au niveau national).

> 87% des patients grenoblois ont déclaré un médecin traitant en 2023 contre 93% en Isère. Près de 49 000 sont suivis par un médecin traitant de plus de 60 ans. "Ainsi, à l’horizon 2030-35, ce sont près de 49 000 patients pour lesquels il est nécessaire de trouver une solution de prise en charge et de suivi en médecine générale", note l’enquête.

> À août 2023, près de 3 médecins généralistes sur 4 (74,8%) exercent de manière regroupée (contre 69% au niveau national). Et 87 % des répondants travaillent de manière groupée dans des cabinets de 2 à 3 médecins ou plus.

> 80,4 % des médecins réalisent régulièrement des visites à domicile et 15,2% en réalisent ponctuellement. Si les visites à domicile occupent une "place importante" dans l’exercice de la médecine notamment en termes de continuité des soins, elles représentent "un défi pour les MG", note l'enquête : déplacements fréquents, contraintes de temps supplémentaires, organisation logistique… "C’est pourquoi, les MG enquêtés soulignent l’importance de suivre des patients se situant à proximité de leur cabinet. De plus, chacun réserve des créneaux horaires spécifiques, principalement entre 12h et 14h."

> Si au niveau national, 82% des MG proposent une prise en charge de soins non programmés au quotidien, à Grenoble, 93,5% réalisent quotidiennement des soins non programmés avec ou sans rendez-vous. La faible densité médicale sur la commune explique que les soins non programmés soient essentiellement réservés à la patientèle "MT" : 65 % des MG réservent leurs consultations de soins non programmés à leur patientèle "MT" ; 16,3% ouvrent leurs consultations à tous ; 9,3 % réservent ces consultations à une patientèle sans MT.

Au total, 56 % des MG programment leurs consultations de soins non programmés sur du temps personnel (temps de pause ou temps administratifs. Autrement dit, "pour plus de la moitié des MG interrogés, c’est du temps de travail supplémentaire", note l’enquête.


Organisation des SNP par les MG grenoblois en comparaison avec l’échelle nationale
 

>78 % des MG interrogés déclarent avoir des critères pour l’acceptation de nouveaux patients : secteur géographique, spécialisation et expertise (certains médecins se spécialisent dans des domaines particuliers, ce qui les conduit à montrer une plus grande inclination envers l'acceptation des patients correspondant à leurs compétences, leur permettant ainsi de fournir un suivi spécialisé de qualité, note l'enquête), prise en compte des populations vulnérables, continuité des soins ou encore, absence de médecin traitant. De plus, 91 % des MG disent être très régulièrement contraints de refuser de nouveaux patients...
 

Focus

Les généralistes et les "nouveaux métiers"

54 % des médecins interrogés travaillent avec de "nouveaux métiers", dont 41 % avec des infirmières Asalée ; 20 % avec des aides soignantes ; 15 % avec des infirmières en pratique avancée (IPA) ; 15 % avec des assistants médicaux ; 11 % avec des protocoles de coopération ; 11 % avec des coordinateurs ; 6 % avec des travailleurs sociaux et 2 % avec des médiateurs santé. "D’une part, cette diversité de 'nouveaux métiers' témoigne de l’évolution des pratiques en santé. D’autre part, le développement d’équipes pluridisciplinaires démontre une évolution dans l’organisation des soins en médecine de ville : le passage d’un exercice isolé à un exercice coordonné pour répondre aux besoins grandissants des patients", note l'enquête.

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