"Les négociations conventionnelles entre Assurance maladie et syndicats médicaux vont débuter ce mercredi, pour écrire une convention qui durera cinq ans. Qu’est-ce que les équipes en maisons de santé ont à espérer de cette négociation ? Les élus de ce pays, les responsables de l’Assurance maladie, les représentants des patients, même les Ordres professionnels et l’Académie de médecine proposent une accélération des délégations devant le déficit du temps médical disponible. Et pourtant, les syndicats médicaux abordent cette négociation avec une surenchère de revendications sur une augmentation de la valeur de l’acte.

Nous savons qu’une augmentation de la valeur de l’acte, comme le rappelle la plupart des économistes, ne profite qu’au professionnel de santé sans jamais améliorer l’organisation du système de soins de proximité. De plus, selon l’Insee, la majorité des médecins font déjà partie des 5% les plus riches de la nation, voire pour beaucoup d’entre eux des 1% (86 160 €)*. Or l’objectif de cette négociation devrait viser plutôt une amélioration de l’accès aux soins et une amélioration des conditions de travail. Un meilleur accès aux soins est une évidence puisque 6 millions de français sont sans médecin traitant. Une amélioration des conditions de travail est une autre évidence devant la demande de la jeune génération privilégiant la qualité de vie à une charge de travail "à l’ancienne".

Pour une équipe en maison de santé, absorber plus de patients est possible à la condition que se mette en place une délégation de tâches et de missions vers d’autres professionnels. Pour cela, nous avons besoin de forfaits et non de revalorisation des actes. Nous pourrons évoluer quand nos rémunérations seront au moins à moitié liées au nombre de patients pris en charge. Mais nous avons besoin aussi d’une simplification des modes de délégation. Notre pays est enfermé dans des décrets d’actes et de compétences qui nous empêchent d’innover rapidement pour répondre à la demande de soins en créant de nouveaux modes opératoires d’accueil et de suivi des patients. Pour rappel, les deux dernières évolutions forfaitaires importantes pour les médecins et les maisons de santé que sont la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) et l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) des maisons de santé ont débuté en dehors des conventions avec le contrat d’amélioration des pratiques individuelles (Capi) et les expérimentations des nouveaux modes de rémunération (ENMR).

À quand une fenêtre conventionnelle nouvelle qui ouvre sur un "nouveau monde" ? Que nous puissions passer plus de temps avec des patients polypathologiques, plutôt que de coller des vignettes de vaccin dans les carnets de santé..."
 

NOTE
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Selon CARMF, 74 009 € en 2020, pour les omnipraticiens, année COVID. Selon les AGA, 90 939 € en 2019. Selon la Drees, les MG ont eu des revenus de 90 100 € en 2020.

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