La question a parfois divisé mais tous l’accordent : il faut simplifier la rémunération des actes et "décomplexifier la situation actuelle". Réunis lors du CMGF 2022 le 25 mars dernier à Paris, les présidents des principaux syndicats libéraux (MG France, Les Généralistes-CSMF, FMF, SML) et de l’USMCS ont esquissé les possibles contours de la "rémunération du futur".

Si "le forfait s’applique au travail de coordination, estime Philippe Vermesch (SML), 80% des médecins généralistes sont attachés au paiement à l’acte. Parce que l’acte est quelque chose de motivant, vous savez ce que vous faites". Pour autant, "la rémunération à 25 euros, ce n’est plus possible", lance Corinne Le Sauder (FMF), d’autant qu’en Europe, "la valeur moyenne de l’acte est de 45 ou 50 euros", poursuit Philippe Vermesch.

Par ailleurs, la cotation des généralistes est "d’une telle complexité", que moins de 5 % des médecins généralistes appliquent la nomenclature aujourd’hui, précise Luc Duquesnel (Les Généralistes-CSMF), en évoquant une étude de l’URPS médecins libéraux Pays de la Loire qui estimait que si tous les médecins généralistes libéraux cotaient normalement, ils auraient 20% de rémunération en plus…
 

Quoi rémunérer ?

Réticente au système de rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp), Corine Le Sauder estime que "les indicateurs devraient être à la hauteur de ce qu’on attend, que ce soit évolutif". Contrairement à ce qui s’est passé pendant la crise Covid où le trop grand nombre d’indicateurs "a plombé la Rosp", poursuit-elle : "Il faut trouver quelque chose d’adapté et qui permette d’améliorer la qualité de la pratique. Aujourd’hui, il y a trop de choses sur le plan comptable, et on s’en rend compte, depuis des années, le ministère de la Santé n’est pas à Ségur mais à Bercy…"  Ce que défend également Luc Duquesnel : "Comment favoriser l’exercice coordonné autrement qu’en misant sur un financement ? Il faut aussi développer les postes d’assistant médical temps à plein…"

Faudrait-il "rémunérer l’ancienneté, valoriser l’expérience, la certification, la recherche ? Rémunérer la prévention avec l’éducation de la patientèle et de la population ?", s’est interrogé la médecin qui dit souhaiter une rémunération adaptée au coût du travail et « pérenne, non fondée sur le rendement et l’enveloppe comptable" : "On a besoin de personnel, de matériel, de travail en coordination rémunéré…" insiste-t-elle, rappelant que si un médecin ne fait pas partie d’une structure à fin 2022, il perdra le forfait structure…

"Aujourd’hui, si un médecin partage la prise en charge avec un autre professionnel de santé, il perd de l’argent : il faut un système qui permet de ne pas pénaliser le médecin… Et s’il y a de nombreux avantages au libéral, il y a des inconvénients forts, notamment la dimension entrepreneuriale, donc d’employeur, et c’est l’une des raisons pour lesquelles les assistants médicaux ont du mal à être recrutés", assure Jacques Battistoni (MG France).
 

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