"Un changement de méthode. Rien à voir avec la méthode François Bayrou." Dans une vidéo publiée sur LinkedIn hier soir à sa sortie de l'hôtel de Matignon – avec la présidente de l’Ordre des pharmaciens et les syndicats représentatifs de la profession Philippe Besset a annoncé être "parvenu à un accord" avec Sébastien Lecornu, à la suite de la publication, le 4 août dernier, d’un arrêté modifiant les plafonds de remises commerciales accordées aux pharmacies. Un "accord équilibré, combinant des réponses immédiates et des engagements structurants pour l’avenir des officines", a assuré un communiqué de presse du bureau du Premier ministre publié hier soir. 

Les pharmaciens d'officine obtiennent donc la suspension temporaire de cette mesure réduisant les remises commerciales possibles sur les génériques contre laquelle ils ont protesté depuis cet été. "A l'occasion d'une rencontre avec les deux syndicats représentatifs de la profession, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la suspension, pour une durée de trois mois, de l'arrêté abaissant le plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques", précise ainsi un communiqué de la Fédération des pharmaciens d'officine (FSPF). Ainsi, pendant ce laps de temps, les remises commerciales sur les médicaments génériques reviennent à 40% - et non plus 30% comme les avait plafonnées l'arrêté. Un plafond qui devait encore diminuer progressivement pour atteindre 20% début juillet 2027. C'est une "victoire d'étape pour les pharmaciens dont la forte mobilisation a, dans l'immédiat, porté ses fruits", a assuré le syndicat présidé par Philippe Besset qui a précisé que "pendant ces trois mois, [ils vont] essayer de revoir de fond en comble le modèle économique de la pharmacie". Ainsi, une mission est lancée sur les flux financiers de la distribution du médicament, "afin d’éclairer les futures décisions", précise le communiqué de presse du bureau du Premier ministre. 


De plus, afin de renforcer l’offre de soins de proximité, "les 900 officines en difficulté situées dans les territoires ruraux et dépourvues de médecins généralistes feront l'objet d'un accompagnement prioritaire, par des aides financières et le développement de missions de soins de proximité", ajoute la FSPF. En contrepartie, les pharmaciens pourront déployer le dispositif Osys "beaucoup plus rapidement que prévu" dans les zones désertifiées, dans le cadre du dispositif maisons France santé, a ajouté Philippe Besset. L’expérimentation "Orientation dans le système de soins", lancée en Bretagne et étendue aux régions Centre-Val-de-Loire, Corse et Occitanie en novembre dernier, vise à permettre aux pharmaciens d’apporter une réponse de premiers recours pour six situations définies (angine, cystite, plaies, brulures, conjonctivite et piqûre de tique). Ils pourront ainsi réaliser des tests d’orientation diagnostique pour les angines ou les cystites, avec prescription d’un traitement si nécessaire, renouveler les ordonnances de contraceptifs oraux jusqu’à six mois après leur expiration ou encore prolonger, jusqu’à trois mois, le renouvellement de traitements chroniques stables (comme l’hypertension ou le diabète), afin d’éviter toute rupture de soins. "En avant pour renforcer le rôle des pharmacies d'officine comme avant-postes de l'accès aux soins du quotidien dans nos territoires !", s'est réjouie sur LinkedIn Cécile Lambert, rapporteure générale de l'article 51. 

Ce protocole d’accord marque "une avancée concrète dans la transformation du rôle des officines, en les inscrivant pleinement dans la réponse aux besoins de santé de proximité". Sa mise en œuvre "fera l’objet d’un suivi régulier", assurent les tutelles. 

[Avec l'AFP] 

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