"C'est l'histoire d'un projet de maison de santé ambitieuse qui voulait être un guichet unique de santé, du médical au paramédical et jusqu'au social, et qui s'est effondrée sur des questions politiques et économiques", résume Mathieu Boulanger, médecin généraliste à la maison de santé des Tilleuls, à Saint-Antonin-Noble-Val (Occitanie). Le 21 juin prochain, il quittera son cabinet. Dans une longue lettre adressée à ses patients que Concours pluripro a pu consulter - "l'une des plus difficiles que j'ai eu à écrire", avoue-t-il – il explique pourquoi il n'a "pas tenu".  

"C'est une accumulation de plus ou moins gros cailloux" qui ont précipité son départ. Arrivé à Saint-Antonin-Noble-Val il y a deux ans, Mathieu Boulanger n'y a jamais connu la sérénité. "Avant même que je m'installe, il y avait déjà des tensions politiques et j’ai été traité de maître chanteur par deux élus de la majorité qui allaient faire scission. J'étais déjà sous le feu des critiques avant même d'avoir vu mon premier patient… Ça donnait un peu le ton". Mais Mathieu Boulanger est séduit par le projet immobilier porté par la maison de santé, qu'il trouve "ambitieux" et "innovant" car abritant une "maison des solidarités".  
 

“Je me suis pris un gros gadin”

À son arrivée en 2022, il rejoint une équipe "dynamique", déjà "constituée, reconnue et validée par l'ARS". "Je voyais un projet en gestation assez prometteur et je trouvais intéressant de venir y participer", se souvient-il. Après une thèse sur "Les facteurs pronostiques de réussite des maisons de santé pluriprofessionnelles", ce choix pour une première installation lui semble "fluide", et qu'importe s'il doit faire trois quarts d'heure de trajet tous les jours depuis Gaillac (Tarn). "Je pensais faire cet effort pour un projet hyper intéressant... qui finalement ne se fera pas, en tout cas pas comme prévu. Finalement, je me suis pris un gros gadin", plaisante-t-il. 

En cause, le coût du projet, "autour de 2 millions d'euros, précise le médecin généraliste. Mais on avait des annonces de subvention pour 80 % du projet et c'était un score exceptionnel". Pour la mairie, le reste à charge était "finalement très modéré, estime-t-il, mais les gens ne s'en rendaient pas forcément compte". Véritable point de crispation pour les élus locaux, le coût de cette maison de santé va scinder la majorité en deux : une partie va se retourner contre le maire et contre le projet de maison de santé. En juin 2023, des élections anticipées sont déclenchées. C'est un point de bascule pour le projet.  
 

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