Derrière son climat ensoleillé et ses beaux paysages, le Vaucluse se révèle l’un des départements les plus pauvres de l’Hexagone : plus d’un habitant sur dix vit dans un quartier prioritaire et l’offre de médecins généralistes libéraux est la plus faible de la région. Les indicateurs de santé sont à l’avenant : faibles taux de vaccination et de participation aux dispositifs de dépistage, surmortalité, forte prévalence du diabète.

Depuis 2012, de Carpentras à Avignon, cinq maisons de santé, paramédicales et médico-sociales, et six pharmacies se sont organisées en pôle de santé, autour de la maison de santé pluridisciplinaire de Carpentras. Ce pôle de santé Centre-Ouest Vaucluse regroupe 120 professionnels : médecins généralistes, sages-femmes, kinésithérapeutes, dentistes, infirmiers, podologues, psychologue… Leur volonté : "proposer à leurs usagers des services innovants et de qualité, en termes de coordination des soins, d’accès aux soins, de prévention, d’éducation à la santé et d’éducation thérapeutique".

Mais malgré leur volonté de travailler tous ensemble, les professionnels peinent à trouver la méthode. Heureusement, Julie Neveu, diététicienne fraîchement arrivée de Picardie, vient leur prêter main-forte en janvier 2013 pour coordonner le pôle et mettre en œuvre son projet de santé. Au programme : équilibre alimentaire, soutien aux patients atteints de diabète, de cancer ou d’obésité, entre autres.

Bientôt de nouvelles organisations

En septembre dernier, la maison de santé de Carpentras postule et est retenue, avec 17 autres structures (du CHU aux CPTS en passant par des CH, des GHT et des MSP) pour participer au groupe de travail animé par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) autour des incitations à une prise en charge partagée (Ipep).



La MSP de Carpentras participera au groupe de travail autour des
incitations à une prise en charge partagée (Ipep). © pôle de santé centre-
ouest Vaucluse


À la suite de ces échanges, la MSP de Carpentras remettra, fin janvier 2019, son projet pour participer aux expérimentations de nouvelles organisations de santé dans le cadre de l’article 51. Pour rappel, cet article de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 propose des expérimentations innovantes en termes d’organisation dans le secteur sanitaire et médico-social afin d’améliorer la prise en charge et le parcours des patients, l’efficience du système de santé et l’accès aux soins. Une circulaire du 13 avril 2018(3) en a précisé les modalités.

La proposition de la MSP de Carpentras ? Une infirmière de pratique avancée (IPA) pour le case management des patients aux parcours complexes. Concrètement, celle-ci accompagnera les patients qui ont besoin d’intervenants multiples, dans des endroits multiples. Elle fera ainsi le lien entre l’hôpital et la ville en sortie d’hospitalisation, par exemple. Et elle vérifiera que tout se passe bien, mènera des entretiens motivationnels. "Pour ce case management, nous avons besoin des compétences d’infirmières de pratique avancée, explique le Dr Sébastien Adnot, généraliste à la MSP de Carpentras et auteur de cette proposition. Ce ne sera pas comme dans une maison pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer (Maia). L’infirmière de pratique avancée aura à gérer des patients très variés. Le problème reste que les IPA sont formées pour l’hôpital, mais il va falloir qu’elles se déploient aussi en ville." 

La candidature de la MSP de Carpentras, en tant que participante au groupe de travail, sera prioritaire sur les propositions extérieures. Reste à attendre donc l’évaluation de ces projets mais surtout les arbitrages du ministère en termes de financement. Doté de 20  millions d’euros pour 2018, le Fonds d’innovation du système de santé pourrait être complété par le fonds d’intervention régional des ARS de 5 millions d’euros. Verdict attendu en février ou mars.

RETOUR HAUT DE PAGE