En régions
Sylvain Fonte a embarqué le 23 août sa femme et ses trois filles dans un tour de France à vélo d’un an… Objectif : rencontrer des équipes coordonnées. Alors qu’il faisait escale au Pôle de santé de Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine), il revient sur cette première étape du parcours.
Il n’a pas entendu son téléphone et s’en excuse. En cet après-midi du jeudi 31 août, Sylvain Fonte était en train de "finir une bataille" avec l’une de ses filles, signe que tous deux ont encore de l’énergie. En huit jours pourtant, toute la famille – Sylvain et Claire, les parents, tous deux kinés –, et leurs trois enfants – Adèle (5 ans), Pema (6 ans) et Maëla (8 ans) ont enquillé 250 km à vélo. Le jeudi matin-même, à 11 h 30, ils ont passé le tant attendu panneau d’entrée de la commune de Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine)… en avance, la pluie les ayant dissuadés de traîner.
C’est donc plus tôt que prévu qu’ils ont franchi les portes du Pôle de santé pour déjeuner à l’abri, sur l’invitation de Sébastien Bellec, président de la structure, qui a fait un détour dans sa tournée à domicile pour les saluer. "Nous avons été accueillis très chaleureusement", se réjouit Sylvain Fonte. Pour la famille, ce n’est pas une simple halte, c’est la première étape de leur "Aller verT" : pendant un an, ils iront à la rencontre de professionnels de santé de structures coordonnées pour valoriser le travail collectif et les innovations en santé.
Ce projet naît en mai 2022 de la volonté de Sylvain Fonte, masseur-kinésisthérapeute et co-gérant depuis cinq ans de la MSP de Saint-Martin d’Hères (Auvergne-Rhône-Alpes), aussi président de la CPTS Sud-Est Grenoblois et impliqué à la FemasAURA&Co de "prendre du recul sur son activité professionnelle". Lui qui, par le passé "a fait pas mal de voyages itinérants", à pied, à vélo, veut repartir à l’aventure, en famille. Avec Claire, son épouse, ils estiment que c’est le bon moment : leurs filles sont encore en primaire. Résolus d’en faire un voyage à faible impact environnemental, ils optent donc pour la France et le vélo : 5 000 km en un an. Ils trouvent aussi un fil rouge à leur périple : las d’entendre que "tout va mal dans le système de santé", ils veulent témoigner des solutions et réponses innovantes diversifiées apportées par les professionnels de santé travaillant en structures coordonnées pour répondre aux problématiques actuelles. Comme c’est le cas dans sa MSP, où 70 professionnels se sont fédérés autour d’un même projet…
Mi 2023, Sylvain Fonte présente son projet "Aller verT" aux Journées nationales AVECsanté, partenaire de son projet. C’est là que Sébastien Bellec, président du Pôle l’a découvert : "J’ai trouvé l’initiative plutôt ambitieuse, pertinente". Il n’est pas le seul à avoir été séduit : 45 équipes se montrent intéressées par le projet puis par le choix de l’itinéraire – pour les parents Fonte, c’est le critère de faisabilité pour leurs filles qui prime – puis par le fait de savoir si les structures qui se sont manifestées sont sur le trajet. Il s’agit ensuite de déterminer, en lien avec les fédérations régionales, si d’autres structures sont sur le chemin. Avant de les contacter pour savoir si les professionnels souhaitent recevoir les porteurs, présenter leur projet de santé ou au moins une action concrète. Enfin, il faut gérer l’absence : du cabinet, de la MSP, de la CPTS… et soigner la passation.
Reste à s’assurer de l’adhésion des enfants… ce qui n’était pas gagné, au départ : quand en septembre 2022 Sylvain Fonte a dit à ses filles : "C’est votre dernière année d’école, après on s’en va pendant un an", l’aînée Maëla répond par un grandiloquent : "Mais papa, si je rate l’école et la danse, je me tue !" Alors ils y sont allés progressivement, en expliquant les motivations, l’itinéraire, en misant sur des éléments incitatifs tels que la présence de "piscines, trampolines", dans les campings. Petit à petit, l’envie de participer à cette aventure se fait de plus en plus forte… Et le 23 août dernier, depuis Le Guilvinec (Finistère), ils ont donné le premier coup de pédale ! Pourquoi ce lieu ? Parce que les beaux-parents y possèdent une maison, parce que la devise veut que "Tout commence en Finistère", mais aussi parce qu’en période de canicule, il semblait plus judicieux de partir de Bretagne que de Grenoble...
