Article publié dans Concours pluripro, février 2023

Gérée par l'association Avenir Santé Villejean Beauregard, la MSPU Rennes Nord-Ouest se situe dans le quartier de Villejean, l'un des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Les personnes en situation de précarité y sont sur-représentées : en 2013, 41,6 % des ménages vivaient sous le seuil de pauvreté contre seulement 18,1 % des Rennais et 10,7 % des Bretons. La maison de santé universitaire, qui comprend un comité d'usagers, mène plusieurs actions afin de lutter contre les inégalités sociales et territoriales de santé, et de développer la démocratie en santé en soins primaires.

Depuis 2017, une infirmière de santé populationnelle, salariée de l'association Asalée, travaillait dans deux cabinets médicaux de la MSPU : Aurélia Vinson accueillait et suivait des patients avec des maladies chroniques présentant des facteurs de risque ou candidats à certains dépistages. Elle pouvait aussi effectuer, lors des entretiens d'éducation thérapeutique, certains actes par le biais de protocoles dérogatoires. Mais comme l'infirmière ressentait des limites dans sa pratique quotidienne, notamment autour de la prise en charge clinique et globale du patient, elle a choisi de suivre des études menant au diplôme d'infirmière en pratique avancée (IPA), mention pathologies chroniques stabilisées. Dans le cadre de son mémoire de recherche, elle a opté, en lien avec Emmanuel Allory, médecin généraliste et enseignant-chercheur au département de médecine générale de Rennes, d'explorer une problématique courante mais peu étudiée à l'époque sur leur territoire : le renoncement et le non-recours aux soins.

 

5 à 10 % des consultations de généralistes

Dans la littérature, les chercheurs reconnaissent que les phénomènes de "renoncement" et de "non-recours" aux soins se recoupent. Héléna Revil, chercheure à l'Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), décrit le renoncement comme "un ensemble de situations où des personnes ne réalisent pas certains soins dont elles auraient besoin, n'adressent pas une partie ou la totalité de leurs demandes au système de santé, ne continuent pas à se soigner alors qu'elles ont engagé des démarches". De son côté, Caroline Desprès, chercheure en sciences sociales, en distingue deux formes : le renoncement-barrière, qui intervient face à un environnement de contraintes qui ne permet pas d'accéder aux soins alors que la personne le souhaite, et le renoncement-refus, qui traduit "un acte d'autonomie face au monde médical conventionnel". Elle précise que, dans les situations de renoncement aux soins, les deux aspects se côtoient généralement.

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