L'histoire commence sur les bancs de la faculté de médecine de Lyon. "On était assis l’un à côté de l’autre le jour de la rentrée", se souvient Saïd Aded, aujourd'hui interne en médecine générale à Saint-Etienne. "On voulait tous deux faire de la chirurgie orthopédique", précise Salaheddine Boumallassa. Mais au fil des stages et des rencontres avec différents médecins généralistes, la donne change : rythme de vie, diversité des prises en charge, proximité avec les patients… Leur choix bascule alors vers la médecine générale.  

Et si au départ, ils ne voulaient "pas spécialement créer une MSP”, reconnaissent-ils, ils voulaient “travailler en équipe". L’idée naît d’échanges avec des proches – une sœur médecin généraliste, un père gynécologue, une amie kiné. Puis un déclic : la mairie de Décines cherche à accueillir des médecins et leur propose des locaux. "Un hasard incroyable", se souvient Saïd Aded, qui travaillait alors comme veilleur de nuit au CCAS. 

Une réponse à la désertification médicale

Le diagnostic territorial est sans appel : seuls 6 médecins généralistes pour la ville, dont la majorité n’acceptent plus de nouveaux patients, plusieurs départs en retraite imminents, et une prévalence élevée de maladies chroniques (diabète, pathologies cardiovasculaires, troubles psychiatriques)... "Les infirmières libérales se retrouvent isolées, parfois contraintes d’envoyer leurs patients aux urgences faute de relais médicaux", ajoute Salaheddine Boumallassa. "On a vite compris qu’il y avait une urgence à agir", appuie son confrère.  

crédits : Salaheddine Boumallassa et Saïd Aded

Le projet prend forme avec une volonté claire : travailler ensemble, mais aussi créer une offre de soins coordonnée et accessible. Avec l’appui de la Femas’Aura&Co, la fédération Auvergne-Rhône-Alpes des maisons de santé, ils construisent “un projet fédérateur”. La future maison de santé accueillera un pôle de médecine générale (jusqu’à 7 ou 8 médecins installés à terme), des gynécologues, des gastro-entérologues (hors site), un cardiologue en vacation, une IPA spécialisée en cardiologie, des sages-femmes, kinésithérapeutes et infirmières... Les deux internes le savent : le travail de groupe peut d'abord effrayer. "L’idée n'est pas d’imposer des contraintes, mais de permettre à chacun de travailler en réseau, en toute liberté", assurent-ils. 

Encore en formation, ils seront tous deux coordinateurs de la structure jusqu'à la fin de leurs études. Et leur ambition est de faire de cette maison de santé un lieu de formation et d’accueil d’internes et de futurs maîtres de stage. "On veut que cette maison de santé devienne un vrai pôle d’attractivité pour les jeunes médecins." La maison de santé de près de 500m2 ouvrira ses portes en février prochain. 

 

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