Pouvez-vous nous rappeler les objectifs de la loi Rist portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé, qui a été adoptée en mai 2023 ?
Notre volonté était de tirer parti de ce que nous avait appris le Covid. Car l’une des leçons principales de cette crise, c’est qu’il faut faire confiance aux professionnels de santé, faire confiance à leurs compétences, et donc faire évoluer leurs métiers pour les mettre en adéquation avec leurs compétences réelles. Et comme l’un des problèmes auxquels nous faisons face est celui de la difficulté d’accès aux soins, nous avons notamment voulu libérer du temps médical en développant la coopération entre les médecins et les autres professionnels de santé.
Ce texte comporte plusieurs mesures, mais on peut notamment citer l’accès direct pour les masseurs-kinésithérapeutes et les infirmières en pratique avancée, mais aussi la primo-prescription pour les IPA... On en parle moins, mais la loi prévoyait aussi un accès direct aux pédicures-podologues, qui peuvent maintenant faire des semelles sans ordonnance, ainsi que la possibilité de faire certains petits gestes pour les assistants dentaires de niveau 2, qui sont un nouveau métier.
Il s’agissait donc de donner davantage de compétences à ces professionnels ?
Je dirais plutôt qu’il s’agissait de comprendre vraiment quelle est leur formation et de leur permettre d’exercer pleinement des compétences dont ils disposent déjà. Les IPA ont deux ans de formation en plus de leurs études infirmières. Ce qui leur permet de prescrire certains traitements, dispositifs médicaux ou examens en première intention, en précisant bien quelles sont les prescriptions possibles, le tout dans le cadre de soins coordonnés.
Ce n’est pas leur confier quelque chose de nouveau, c’est simplement reconnaître leurs compétences… Et au passage, cela permet de libérer du temps médical. De même, les masseurs-kinésithérapeutes sont formés à l’accès direct depuis de nombreuses années, sans l’exercer. Il ne s’agit donc que de leur permettre de mettre en oeuvre concrètement ce savoir.
Toute loi doit s’accompagner de décrets d’application, qui sont parfois longs à venir. Où en sont ceux qui doivent traduire votre texte dans le monde réel ?
Je pense que le point important – et qu’il faut souligner –, c’est que les décrets sont déjà sortis pour l’accès direct et la primoprescription des IPA. C’est une grande satisfaction. Pour les pédicures-podologues, il n’y avait pas besoin de décret, et cette mesure est déjà en vigueur. Pour l’accès direct aux masseurs-kinésithérapeutes, les textes d’application sont sortis, mais cela se fait dans le cadre d’une expérimentation avec ceux qui exercent en communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS).
Pour les assistants dentaires de niveau 2, il y a eu de nombreuses difficultés, et la mise en place est toujours en cours de discussion pour l’instant.