Entretien publié dans le dossier de Concours pluripro, novembre 2023

En quoi consiste l'activité d'un patient partenaire ?

Nolwenn Tourniaire

C'est un mot chapeau : le patient partenaire peut avoir plusieurs fonctions et plusieurs missions, et il peut les exercer, comme c'est mon cas, dans plusieurs organisations. En ce qui me concerne, je suis donc patiente, et je fais de la formation et de l'enseignement auprès des professionnels de santé ou responsables d'établissement, notamment au sein de l'EHESP, en formation initiale et continue. Je suis également chercheuse en sciences de l'éducation autour du partenariat.

L'autre moitié de mon temps, je travaille pour la Capps Bretagne, une structure régionale d'appui qui vise à l'amélioration des pratiques des professionnels de santé et des établissements : je les accompagne pour intégrer des patients et des usagers dans leurs projets.

Sur quels types de formation intervenez-vous à destination des professionnels de santé ?

De manière générale, on vient me solliciter sur des thématiques particulières, comme l'ETP. Il m'est ainsi, par exemple, arrivé de former, avec une collègue médecin de santé publique, sept soignants d'un pôle de santé en Mayenne aux 40 heures que comprend la formation ETP. Ils se sont donc formés ensemble : infirmière, ergothérapeute, généraliste, kiné, et l'avantage, c'est qu'il s'agit d'une vraie équipe que l'on peut former autour de son projet. L'une des infirmières de l'équipe avait d'ailleurs déjà eu cet enseignement dans le cadre de sa formation initiale, mais cela avait du sens pour elle de le refaire dans le cadre de sa pratique pluriprofessionnelle.

Pour prendre un autre exemple, je suis en train de former, avec un collègue enseignant, les soignants d'un autre pôle de santé multisites, et qui cherchent à développer le partenariat dans leur relation de soin. Ils ont décidé, en tant qu'équipe, de se payer ces temps réflexifs, en soirée, pour mieux comprendre les enjeux autour du patient considéré comme partenaire du soin, et non comme sujet passif. Je forme également sur l'entretien motivationnel, l'engagement des usagers, le partenariat...

Quelle est selon vous la plus-value de ces formations ?

Je pense que l'un des principaux avantages est lié au temps. Avec les agendas actuels, les professionnels de santé ont peu de temps pour réfléchir ensemble. Au mieux, ils ont une demi-heure au moment du déjeuner, vingt minutes entre deux consultations... On voit en formation qu'ils sont particulièrement satisfaits de disposer de temps qualitatif, accompagnés par un formateur, pour penser ensemble, pour se poser autour des projets dont ils parlent parfois depuis des mois...

Est-ce différent dans le cadre de la formation initiale ?

Oui, je suis par exemple intervenue à Rennes où les étudiants podologues, ergothérapeutes, kinés, etc. ont des enseignements en commun sur l'ETP ou la recherche, notamment. C'est intéressant, car ils se rendent compte qu'ils n'ont pas forcément le même jargon, pas forcément les mêmes habitudes, et que c'est quelque chose qu'ils auront à prendre en compte dans leur exercice futur.

À la faculté de Bobigny [Seine-Saint-Denis, NDLR], il y a également un programme où un patient mentor se met à la disposition d'un groupe pluriprofessionnel d'étudiants en formation initiale : médecine, pharmacie, etc. Cela leur permet d'échanger ensemble sur leurs difficultés, sur un patient en particulier, sur une situation qu'ils ont vécue, et on observe que ces groupes, qui ne durent que six mois dans le cadre de l'université, ont parfois tendance à perdurer par la suite.

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