Le pluripro en formation initiale : ce qu'en pensent les jeunes

Raphaël Dachicourt, président du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir)

"D'un point de vue interprofessionnel, nos formations sont en silo et ne permettent pas la rencontre des professionnels en amont de leur exercice. De fait, les médecins ne connaissent pas les compétences des kinésithérapeutes, des infirmières ou des sages-femmes par exemple. Notre formation est également hospitalocentrée. Les paramédicaux que nous côtoyons pendant nos stages n'ont donc pas la même pratique qu'en ville. Or, ne pas connaître l'étendue de leurs compétences en ville est vraiment problématique pour les médecins généralistes. On comprend mieux pourquoi on rencontre des difficultés à se retrouver autour de projets en santé ou à déployer des protocoles de coopération notamment...

Un premier pas est amorcé avec l'universitarisation, qui permet de rassembler, au sein d'une même structure, les formations en santé. Nous pourrions, à terme, envisager des enseignements communs, à condition de travailler sur les mêmes notions. Or, en médecine, nous avons pris le virage des compétences, tandis que les infirmières, par exemple, ont un décret d'actes. Difficile donc de définir des compétences globales communes... Certaines initiatives sont portées par les universités, qui organisent des séminaires “interpro” pour permettre aux étudiants de découvrir les champs de compétences des uns et des autres. Mais ils ne sont pas obligatoires. Nous aurions aussi tout à gagner à décentraliser l'enseignement de l'université vers l'ambulatoire afin de comprendre les différentes approches en développant les stages en ville.

Nous sommes face à des évolutions intéressantes, notamment avec les MSP. L'intérêt serait de développer des stages plus souples pour permettre aux uns d'appréhender la réalité des autres. Le développement des CPTS va également permettre d'avoir une approche de la coordination plus pratique."