Si la première vague de l’épidémie a vu une baisse drastique du nombre de consultations hors Covid au sein de plusieurs cabinets libéraux (-44% chez les généralistes, -71% chez les médecins spécialistes*, -95% chez les chirurgiens-dentistes, ou alors une fermeture totale) et dans les services d’urgence (-45% pour les adultes et -70% pour les enfants, précisait l’AP-HP fin avril), les premiers chiffres de Doctolib début novembre laissent présager une courbe tout aussi compliquée pour cette deuxième vague : « Depuis le 30 octobre, premier jour de ce nouveau confinement, une augmentation de 30% des annulations de rendez-vous est constatée chez les professionnels de santé », indique la plateforme de rendez-vous en ligne. S’il est trop tôt pour tirer un bilan du renoncement aux soins, celle-ci signale déjà une « forte instabilité ».

Karen Ramsay
Karen Ramsay © M.S.

 

Depuis le début de cet épisode épidémique, les professionnels de santé, les établissements hospitaliers et les structures médico-sociales ne cessent d’alerter sur le danger du renoncement aux soins, encore plus prégnant pendant la crise, car s’ajoutent aux considérations économiques, sociales et sociétales les problématiques du confinement (peur d’être contaminé, de déranger le soignant ou d’encombrer les salles d’attente) et le recours massif à la déprogrammation (souvent supérieur aux reprogrammations). Des dommages collatéraux qui pourraient se révéler dramatiques… alors que les cabinets libéraux se sont organisés pour accueillir les patients dans le respect des consignes de sécurité.

Après le « Restez chez vous » que ces derniers ont lancé pendant le premier confinement, le mot d’ordre est dorénavant #Soignezvous ! La question du renoncement aux soins interroge l’efficacité du système de santé et l’organisation de l’offre de soins. Difficulté d’accès aux soins, raréfaction de l’offre et sa répartition sur le territoire, restes à charge trop importants, refus de soins de certains soignants, contraintes technologiques ou culturelles… Ces différentes problématiques, souvent multifactorielles, contribuent à entraver la continuité des soins. Elles témoignent de la nécessité de dépasser la simple considération économique pour repositionner l’usager, avec ses contraintes, ses envies et ses possibilités, au sein de son parcours de santé. Car seule une approche globale et coordonnée pourra aboutir à une vraie prise en compte des attentes et des moyens en matière d’accès aux soins.

* Chiffres de Doctolib (16 avril 2020), alors que le Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) parle d’une baisse pouvant aller « jusqu’à 98 % en fonction des spécialités et des modes d’exercice », egora.fr, 1er avril 2020

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