Une tribune de Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fehap*

La crise du Covid a souligné l’importance d’avoir une vision globale de la santé. Des enjeux de notre système de santé, déjà identifiés, ont été réaffirmés : le lien entre la ville et l’hôpital, la coopération entre les acteurs du sanitaire et du médico-social, le public et le privé, la complémentarité du soin et de l’accompagnement… Mais voyons également ce que la crise a révélé de positif, comme l’agilité des acteurs à transformer l’offre et des dynamiques nouvelles de collaboration entre acteurs de santé sur les territoires. Des réponses opérationnelles ont été construites, par les acteurs, en proximité. De nombreux établissements de santé sont venus appuyer des Ehpad en difficulté : aides techniques, expertise gériatrique, soins palliatifs…

La nécessité d’une approche territorialisée de la santé reste le grand enseignement de la crise. Les territoires ont été touchés de manière différente, y compris à l’intérieur d’une même région. On a pu d’ailleurs observer que les politiques des agences régionales de santé ont été variables. Au niveau territorial, cela a très bien fonctionné dès lors que les autorités ont joué leur rôle de coordination, d’animation, de régulation pour agir en tant que « facilitateurs » et en mobilisant tous les acteurs (public, lucratif, privé solidaire, ville) pour répondre aux besoins de la population.

Marie-Sophie Desaulle
Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fehap

Ce renouveau des coopérations en santé est possible. Il doit toutefois être promu par les pouvoirs publics et accompagné d’un cadre juridique et financier favorable et, surtout, moins concurrentiel. Une articulation reste à trouver entre les règles nationales et leur adaptation aux besoins spécifiques d’un territoire. La Fehap a porté cette vision territoriale de la santé lors du Ségur de la santé. Elle propose ainsi que l’organisation territoriale de la santé, au sens du terme préconisé par l’OMS, se construise autour d’un projet territorial de santé, opérationnel, qui s’appuie sur une évaluation des besoins de la population.

Validé par chaque conférence territoriale de santé, il doit permettre la coopération de tous les acteurs en veillant à ne jamais oublier la personne soignée et accompagnée. Cette organisation doit être au service des plus fragiles et reposer sur une nouvelle forme de contractualisation entre les acteurs et les autorités de tutelle. La Fehap défend l’idée d’un service public solidaire de première ligne (premier recours, accompagnement, domicile) dont les missions et le cadre seraient définis au préalable et bénéficiant d’un financement collectif forfaitaire, accompagné d’un service public solidaire de santé de recours (second recours, expertise, accompagnement spécialisé).

La réussite de cette organisation repose sur la liberté laissée aux acteurs, pour travailler ensemble en responsabilité, au regard de leurs engagements contractuels collectifs. C’est le pari de la confiance dans le collectif qu’il nous faut.

* Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires

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