Article publié dans Concours pluripro, décembre 2022

Depuis la fin des années 1990 et tout au long des deux premières décennies du XXIe siècle, la plupart des pays développés se sont préoccupés de la hausse continue de leurs dépenses de santé. Au point qu’un nouveau néologisme est apparu en français, la soutenabilité*, adapté de la sustainability, qui prévalait chez les Anglophones. Ces mêmes Anglophones – nord-américains en leaders via la puissance de leur presse scientifique et professionnelle, mais aussi scandinaves, australiens et, plus près de nous, suisses – ont alors entamé une sorte de croisade, dédiée à l’efficience des soins, de manière à mieux contrôler la hausse des coûts de santé.
Le document qui résume bien cette croisade est le Best care at lower cost produit par l’Institute of Medicine en 2013. Cette recherche d’efficience comportait plusieurs dimensions : éviter les gâchis, bien sûr (le waste des Anglophones), mais surtout faire en sorte que "chaque malade reçoive la prescription adéquate, au meilleur moment, dans le site (et avec le professionnel) le mieux adapté ". De surcroît, les patients étaient invités à jouer un rôle actif et croissant.

"Incentives" et "Bundles"

Hors l’authentification en 2018 par les experts de l’OCDE des "20 % d’actes inutiles ou délétères", cette stratégie de recherche d’efficience n’a obtenu que des résultats mitigés. C’est pourquoi plusieurs responsables américains, en marge de l’Obamacare, ont proposé une diversification des rémunérations, avec l’introduction croissante d’incentives, c’est-à-dire d’incitations/bonifications dans la rémunération des physicians, dès lors que l’efficience était accrue. En réalité, il s’agissait de fonder une rémunération sur la high-value (du service médical rendu) et non plus sur le seul high-volume (d’actes)… Ce qui constitue une évolution majeure du rationnel sur lequel les médecins sont rémunérés.
 

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