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©Y.V.

Article publié dans Concours pluripro, décembre 2022

Peps et Ipep introduisent une plus forte dose de forfait dans la rémunération des libéraux. En quoi est-ce une bonne chose ?
Chez les économistes de la santé, ily a un consensus pour dire que le paiement à l'acte représente une part encore trop importante de la rémunération des médecins libéraux en France, et qu’un rééquilibrage est nécessaire. D’autres modes de rémunération, tels que le forfait ou le paiement à la performance, peuvent permettre d’infléchir les pratiques des soignants dans un sens qui correspond davantage à l’intérêt général.

D’un point de vue économique, quels sont les défauts du paiement à l’acte ?
Il est généralement associé à des durées de consultation plus courtes, et il a tendance à tirer les dépenses de santé vers le haut. Il peut par ailleurs générer des comportements que l’on qualifie de "demande induite", c’està-dire une surconsommation de soins liée au fait qu’en plus d’avoir un intérêt pour la santé de son patient, le soignant a aussi en tête son intérêt personnel, et que cela peut jouer sur ses décisions. C’est un phénomène qui est mis en évidence par un certain nombre de travaux empiriques.

Les forfaits par capitation, de type Peps ou Ipep, ont-ils également leurs défauts ?
Ce sont des forfaits que l’on touche en fonction de la taille de sa patientèle. Il peut donc y avoir une incitation à réduire le nombre de contacts avec chaque patient. On peut craindre une certaine tendance à renvoyer vers d’autres professionnels ou vers l’hôpital ceux qui s’avéreraient trop coûteux. La capitation peut également être associée à des délais d’attente plus longs. On peut aussi noter que le forfait peut manquer de lisibilité. Certains professionnels ont, au départ, eu du mal à s’approprier la Rosp, par exemple. Mais on peut compter sur les capacités d’adaptation et d’apprentissage des professionnels de santé, qui sont assez importantes !
 

On peut compter sur les capacités d’adaptation et d’apprentissage des professionnels de santé
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