Indicateurs en santé : simplification et redéfinition

Article publié dans Concours pluripro, février 2025
 

Dès le début des années 2000, des politiques d'organisation et de régulation des systèmes de soin, fondées sur l'exploitation d'indicateurs, ont débuté, singulièrement en Amérique du Nord et, pour l'Europe, au Royaume-Uni, où le National Health Service (NHS) a pu apparaître comme précurseur. Mais avant de mettre en oeuvre ces politiques, il fallait en préalable disposer de données (data) à partir desquelles le fonctionnement du système de soin pouvait être appréhendé, et l'activité des médecins et autres soignants, saisie et traduite... Dès lors que ces données devenaient disponibles, préparer la production des indicateurs devenait licite.

C'est pourquoi, avant même l'institution de l'Obama Care (dont nombre d'aspects supposaient des systèmes d'information et en particulier les logiciels métiers opérationnels), l'État fédéral aux États-Unis a massivement investi pour soutenir l'"informatisation" des professionnels de santé. Un Health Information Technology for Economic and Clinical Health Act a ainsi été promulgué en 2009 afin de soutenir puissamment l'implantation et l'usage des systèmes d'information. Les responsables affichaient alors l'objectif d'un meaningful use, soit une utilisation "significative, rigoureuse, utile, probante" des diverses fonctionnalités de ces systèmes d'information par les soignants américains. Un budget fédéral considérable y était consacré – 25,9 billions de dollars – et un bilan dressé en 2017 soulignait les progrès et aussi le chemin qu'il restait à parcourir... Bref, dès lors que les données d'activité étaient saisies et aisément accessibles, la détermination et le suivi d'indicateurs devenaient possibles.

C'est ce à quoi l'une des organisations de soins emblématiques aux États-Unis, le Kaiser Permanente*, s'est employée en publiant, dès 2016, des résultats tout à fait probants sur le contrôle à long terme d'hypertendus traités (90 % de malades équilibrés dès 2013, alors qu'ils n'étaient que 40 % en 2001). Cela résultant d'une utilisation optimale des données du dossier médical et de la coordination des soignants autour d'un simple protocole.