Méthode du patient traceur : au centre de santé de Louhans, l'essai est concluant
Quand en octobre 2023, Amandine Falcon, médecin généraliste au centre de santé de Louhans, assiste au Congrès national des centres de santé, elle y entend une patiente témoigner de son parcours de soins. De retour dans sa structure, elle évoque avec Céline Dumond, sa collègue, l'intérêt de prendre en compte le vécu du patient.
Pauline Machard
Article publié dans Concours pluripro, février 2025
Octobre 2023. Amandine Falcon, médecin généraliste au centre de santé de Louhans, assiste au Congrès national des centres de santé. Elle y entend une patiente témoigner de son parcours de soins. De retour dans sa structure, elle évoque avec Céline Dumond l'intérêt de prendre en compte le vécu du patient. La responsable lui parle alors du "patient traceur", méthode qu'elle a rencontrée lorsqu'elle travaillait en institution. Car si celle-ci a, à la base, été déployée à l'hôpital, elle se répand aussi en ville, auprès de professionnels ayant la volonté de travailler en équipe pluriprofessionnelle.
La méthode "patient traceur" est une démarche qualité qui vise deux choses : analyser collectivement, a posteriori, la prise en charge pluridisciplinaire et/ou pluripro, en comparant la pratique réelle à la pratique de référence ; et croiser les perceptions du patient avec celles des professionnels impliqués. Cela permet de faire un diagnostic global de la prise en charge et "d'identifier les points forts et les points à améliorer", fait valoir la médecin, séduite. Les ambitions : développer et renforcer le travailler-ensemble, fluidifier l'organisation des parcours et améliorer la qualité/sécurité des soins. La généraliste détaille les "deux grands axes". Il y a un entretien avec le patient (et/ou son entourage) – soit choisi, soit désigné aléatoirement, et qui a donné son consentement – sur son expérience du parcours. Et un autre entretien, avec l'équipe pluripro, où chacun discute librement de la prise en charge (sans jugement ni recherche de responsabilité). À chaque fois sur la base d'une grille d'entretien. Ensuite, il est procédé à une synthèse pour "dégager les points positifs" et "les axes d'amélioration" et mettre en place des "actions pratico-pratiques" correctrices.
En 2024, le centre a expérimenté la méthode. Partiellement, car il n'y a pas eu d'entretien du patient, choisi ici "représentatif de la patientèle" et "suivi par différentes catégories" : généraliste, IPA, infirmière Asalée, équipe administrative... Mais il y en a eu un avec les professionnels, avec, pour grille d'entretien, une appropriation de toutes celles existantes (à l'hôpital, en ambulatoire) pour s'ajuster au centre, explique Céline Dumond. La méthode a, notamment permis d'élaborer une échelle d'évaluation de motricité, pour suivre l'évolution des patients en âge gériatrique.
Au centre, la démarche a tout de suite été bien accueillie, raconte Amandine Falcon, et "tout le monde a participé, autant l'équipe administrative que les patients". Si elle a été aussi bien reçue, raconte-t-elle, c'est parce que "ce n'est pas du tout moralisateur, jugeant". Il s'agit juste de s'interroger sur "comment peut-on faire mieux pour les patients ? comment mieux travailler tous ensemble ?" La généraliste se réjouit des convergences sur les axes d'amélioration venant de professions différentes. Et observe ses collègues "agréablement surpris" des ajustements pratico-pratiques destinés à améliorer la donne.
S'il est "un peu tôt" pour dresser un bilan, confie-t-elle, "ce qui est sûr, c'est qu'on a déjà envie de le refaire". C'est prévu en 2025 : il y aura deux patients traceurs cette fois. Et la méthode sera utilisée pleinement, et non plus "de façon dégradée" : "On va intégrer l'entretien avec le patient. Il sera réalisé par des gens formés : Céline Dumond et une collègue." Amandine Falcon ne sera plus non plus la seule animatrice du processus : ce sera un binôme.