Article publié dans Concours pluripro, janvier 2024
 

Elle l'avoue : elle doit encore convaincre certains professionnels de santé de sa MSP de l'intérêt de l'exercice coordonné. C'est d'ailleurs son défi quotidien ! L'arrivée d'Élodie Gazeau au poste de coordinatrice s'est faite un peu par hasard. Infirmière libérale depuis 2005, elle a progressivement tissé des liens avec les professionnels du secteur. "Très vite, nous avons constaté que nous allions être confrontés à une problématique de désertification médicale", explique-t-elle. Face à la situation, une alliance se dessine entre les professionnels de santé et les élus de la communauté de communes, ces derniers ayant mandaté un cabinet de conseil en 2011 pour réfléchir à une solution. À la restitution des travaux, l'idée de créer une MSP émerge, un projet qui séduit Élodie Gazeau. "En tant qu'infirmière libérale, la maison de santé était pour moi le moyen de retrouver un rôle propre dans mes missions d'éducation à la santé."

La MSP multisite se met en place avec l'élaboration d'un projet architectural. Au sein de l'association rassemblant 25 professionnels de santé – ils sont aujourd'hui 55 –, Élodie Gazeau devient trésorière. "Lors des réunions, j'ai commencé par prendre des notes pour effectuer des comptes-rendus et progressivement, j'ai développé ce rôle, avec également l'envoi des convocations." Parallèlement, elle se rend à des réunions d'information, notamment au sein de l'APMSL, la fédération Pays de la Loire d'AVECsanté, pour mieux en comprendre le fonctionnement et acquérir des clés pour la rédaction du projet de santé. Elle entend parler de "leader" et de "coordinatrice", et se reconnaît dans les termes... jusqu'à devenir officiellement la coordinatrice de la MSP en juin 2015. Qu'en est-il de la formation ? "Je ne me sentais pas prête pour intégrer la formation Pacte au moment de sa création, car j'avais le sentiment de ne pas avoir de légitimité à ce poste." Elle rejoint les bancs de l'EHESP en 2018 pour consolider sa pratique, ses connaissances et ses compétences.

 

"Je ne porte pas tout sur mes épaules"

Aujourd'hui, si les membres de la MSP lui reconnaissent sa légitimité dans sa fonction, pour autant, certains doivent encore être convaincus de l'intérêt de ce mode d'exercice. "Ils font partie de la structure, car ils se rendent compte qu'ils n'ont plus vraiment le choix au regard de l'évolution du système de santé, mais ils n'adhèrent pas pour autant à la démarche. Mais je le vois comme un défi. En tant qu'infirmière libérale, je suis implantée dans mon territoire, je tiens à mon travail, et la seule issue est de les accompagner pour qu'ils comprennent que l'exercice coordonné fait sens. Qu'ils le veuillent ou non, le train est en marche..." Pour y parvenir, elle identifie les profils ressources au sein de la MSP, et travaille avec eux. "Je ne me frotte plus aux hérissons. L'important est de faire des projets pour la population, car je suis la gardienne du projet de santé."

Elle fait ainsi émerger des chefs de projet par groupe pour les responsabiliser et leur apporter de la méthodologie de projet. "Je ne porte pas tout sur mes épaules. J'ai cette capacité à faire travailler l'équipe pour développer des projets de grande envergure même si je n'ai que huit heures par semaine dédiées à cette fonction."

Si professionnellement, elle s'épanouit à son poste de coordinatrice, elle trouve aussi un second souffle lorsqu'elle se rend à l'APMSL, dont elle est administratrice depuis 2017, ou lorsqu'elle exerce son métier d'infirmière libérale. "Le fait de varier mes fonctions me permet de lâcher prise lorsque cela va moins bien dans un domaine...", confie-t-elle.

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