Article publié dans Concours pluripro, octobre 2025
 

"Avoir un bébé, c'est un bon moment pour tout changer chez soi, penser à son environnement, à son mode de vie... Et ça impulse de vrais changements !", sourit Sophie Delattre-Delache, sage-femme installée à Marly-Gomont, dans l'Aisne, et membre de la CPTS des Hauts de l'Aisne. Depuis janvier dernier, elle a lancé des consultations en santé environnementale, dans le cadre de ses cours de préparation à la naissance, notamment lors des séances en individuel. "Avec le couple, j'aborde diverses questions, comme l'allaitement, l'accouchement, le post-partum... et je rajoute désormais la santé environnementale à la suite. Mais ça peut aussi être lors d'une consultation de demande d'arrêt de contraception pour désir de grossesse, par exemple."

Sophie Delattre-Delache, sage-femme © S.D.-D.
  Sophie Delattre-Delache
  © S.D.-D.

Comme plusieurs autres collègues sages-femmes, médecins généralistes ou encore pharmaciens, Sophie Delattre-Delache a suivi, en septembre 2024, une formation – sur proposition de la CPTS – mise en place par le Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) des Pays de l'Aisne. "On sait que pendant les 1 000 premiers jours de la vie, l'enfant est le plus sensible aux polluants... Donc ça a du sens d'en parler aux jeunes parents. Mais tous les professionnels peuvent aborder ces questions, et à tous les âges !" Une formation qui, finalement, s'accordait à ses propres convictions et expériences. Car déjà à la polyclinique Saint-Côme à Compiègne, où elle a travaillé pendant cinq ans, l'équipe était "très à cheval sur cette idée de santé environnementale." Incitation à l'allaitement, à l'utilisation des couches lavables, attention portée aux produits utilisés... L'établissement a d'ailleurs obtenu le label Hôpital ami des bébés.

 

"Il faut aller plus loin"

Devenue maman peu après son arrivée à la clinique, Sophie Delattre-Delache s'efforce d'appliquer ces principes à son quotidien. "J'ai allaité pendant un an et demi, utilisé des couches lavables, adopté les biberons en verre, banni les lingettes jetables... mais je n'ai pas tout fait bien ! Quand mon fils a grandi, j'ai commencé à faire ses petits pots avec les légumes du jardin que je congelais dans des petits pots en plastique avant de les donner à la nounou. Mais quand ses dents définitives ont poussé, il n'avait pas d'émail sur celles de devant et du fond. À l'époque, il n'y avait pas vraiment d'études sur le sujet, mais mes doutes ont été confirmés pendant la formation : c'est dû aux phtalates présents dans les pots en plastique... J'ai commis cette erreur de les réchauffer au micro-ondes et les conséquences étaient visibles." D'où son souhait d'expliquer aux futurs parents "ce [qu'elle aurait] aimé savoir avant."

Lors de cette consultation, elle aborde divers éléments, identifiés par une fiche donnée par la CPTS : utilisation des produits ménagers et cosmétiques, valorisation de l'allaitement, conseils pour bien manger et bien grandir, choix des jouets... "Les parents se rendent compte qu'ils ont plein de choses à apprendre ! Et puis on prodigue des conseils qui vont à l'encontre de ce qu'on leur propose dans les catalogues pour bébés... Par exemple, ça fait plus de dix ans qu'on déconseille de stériliser les biberons alors qu'il y a encore des stérilisateurs en magasin. Et les biberons en verre sont encore très minoritaires..."

Aujourd'hui, Sophie Delattre-Delache réalise environ une consultation en santé environnementale par semaine. La sage-femme pourrait – et voudrait – en faire plus, mais son agenda est bien "blindé." Aujourd'hui, elle voit des évolutions chez les parents, qui adoptent notamment les couches lavables. Mais "il faut aller plus loin", assure-t-elle : "Le problème, c'est que les magasins proposent des choses qui vont souvent à l'encontre de nos recommandations... On verrait une vraie différence si l'industrie se mettait à aller dans le même sens que nous."

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