"Quoi que l’on puisse en penser, le président Emmanuel Macron avait tout dit, ou presque, dès le 18 septembre 2018, dans son discours de présentation de la réforme "Ma santé 2022" en déclarant : "Pour encourager chacune et chacun et pour faire que nous ayons ces communautés qui devront couvrir entre 20 000 et 100 000 patients d’ici à 2022, je veux précisément que l’exercice isolé devienne progressivement marginal, devienne l’aberration et puisse disparaître à l’horizon de janvier 2022." Aujourd’hui, cinq ans plus tard et avec le délai prolongé inhérent à la mise en oeuvre des politiques publiques, le propos présidentiel – plutôt péremptoire – appelant à la marginalisation de l’exercice isolé est en passe de se traduire par la généralisation des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). En réalité, ces communautés relèvent d’une profonde évolution sociétale et professionnelle ou plus globalement culturelle ; tout cela pouvant nécessiter du temps…

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Ainsi, on peut rappeler deux textes qui avaient marqué l’évolution en marche. Le premier, un avis du Hcaam, d’une trentaine de pages, publié en mars 2012, appelant à la coopération
interprofessionnelle et où avait été forgé le terme de "parcours". Le second, deux ans plus tard, en mars 2014, produit par la Conférence nationale de santé et qui allait se traduire par le projet législatif, en 2016, d’un service public territorial de santé (SPTS) d’inspiration bureaucratique, sinon dogmatique… mais heureusement amendé et finalement transcrit dans la loi par
des CPTS d’initiative professionnelle et non administrative.

Pour aller vers ce surcroît de coopération/coordination entre l’ensemble des professionnels de santé et services sociaux, les pouvoirs publics auraient pu, alternativement, choisir de privilégier les maisons de santé pluriprofessionnelles – en plein dynamisme – ou encore les centres de santé qui bénéficiaient d’une antériorité certaine. Ce n’est pas ce choix qui a été fait ; sans doute pour préconiser un modèle plus souple, adaptable ou progressif, moins militant et susceptible de ne laisser personne au bord du chemin… Et puis MSP et CDS sont appelés à s’investir dans les CPTS (comme les trop nombreux dispositifs de coordination). Reste à accompagner tout cela dans le cadre conventionnel – malheureusement bridé par un historique monoprofessionnel – et à organiser la fluidité avec les plateaux techniques et hôpitaux."

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